Au début des
essaies, on ne ressent qu’un petit pincement, comme toute personne en essaie
qui apprend que son amie, sa collègue ou un membre de la famille attend un enfant. Ce pincement est entremêlé à
la fébrilité du « Ce sera bientôt notre tour ! Possiblement ce mois-ci ». Avec les mois qui s’écoulent, nous redoutons de plus en plus cette phrase et nos réactions… Parce que les émotions que l'on ressent sont incontrôlables et que Dieu sait que nous aimerions réagir différemment.
Certaines
vous diront qu’elles sont vertes de jalousie.
Qu’elles ne sont plus capables de voir une femme enceinte…
D’autres
vous diront qu’elles sont tristes et qu’elles mettent plusieurs jours ou semaines à s’en
remettre… Certaines seront même incapable de côtoyer cette amie-soeur-cousine-collègue pendant toute la durée de la grossesse...
D’autres
seront en colère… Contre qui ? Elle-même, souvent… Contre quoi ? L’univers ou le destin, tout le temps !
Souvent
l’annonce est accompagnée par toute l’histoire des essaies ou non-essaies du
couple :
« Ouf… Ce fut long.
6 mois, je commençais à penser qu’il y avait quelque chose qui
clochait ! »
« On a
même pas essayé ! En fait, je
prenais encore la pilule ! »
Parfois,
certains couples pour qui ça a fonctionné après quelques mois se permettent
quelques conseils :
« C’est
quand nous avons lâché prise que ça à fonctionner ! Vous devriez faire pareil ! »
La douleur
ressentie est causée, la plupart du temps et peu importe son type, parce que ça
nous renvoie en pleine figure que pour nous, ça ne fonctionne pas ! Que nous sommes infertiles. Que malgré que nous ayons un bon salaire (que
l’autre n’a possiblement pas!), un job stable (que l’autre n’a possiblement
pas !), une belle maison avec une chambre pour accueillir l’enfant
(pendant que l’autre vit dans un petit appartement !), que vous faites tout plein de
sacrifices pour concevoir cet enfant (que eux n’ont pas eu à faire !) et
que vous vous infligez des dizaines d’injections et subissez tout plein d’effets
secondaires tel étourdissements, nausées permanentes, bouffées de chaleur, etc.
(pendant que l’autre se plaint de nausée causée par la grossesse !), vous
n’arrivez pas à réaliser votre rêve !
Le cerveau de la personne infertile se met à tout comparer, à tout peser et à tout interpréter en sa faveur (ou défaveur) ! C'est l'une des réactions incontrôlables que nous n'aimons pas. Il faut beaucoup de pratique pour arriver à gérer un temps soit peu notre cerveau...
Personnellement,
je préfère les annonces par écrit. Ça me
permet de répondre gentiment que je suis contente (et c’est vrai !!!) pour
eux. Ils ne voient pas la douleur que
moi je ressens. Ça me donne un temps
pour avaler l’annonce, me raisonner et contrôler toutes ces réactions et pensées incontrôlable!
Je suis contente pour ces couples parce qu’au
moins eux, ils ne sont pas infertiles…
Ce n’est pas quelque chose que l’on souhaite aux autres !
Je suis
contente pour les femmes enceintes !
J’envie l’expérience qu’elles vivront. Mais, par-dessus tout, je suis en
colère contre mon organisme, contre ma génétique (désolé papa et maman !),
contre l’univers ! L’autre devient
le miroir de mes incapacités.
Puis, je me répète
la phrase qu’une connaissance m’a gentiment rapporté (un ami de son chum leur
avait dit ça, un jour de déprime) : ‘‘ Bah tu sais, les animaux
rares, exceptionnels, genre les pandas, c'est ce qui est le plus difficile à
faire se reproduire. C'est comme vous autres !'' (Doumdoum, si tu lis, tu te
reconnaitras). Ça me fait du
bien !
Image Internet |
Quand on est
infertile, on reçoit souvent la remarque « T’es jalouse de ma grossesse,
t’es pas capable d'être contente pour moi! » ou quelques variantes… Quoi répondre à ça ? Comment expliquer à l’autre ce que nous, nous
ressentons. Comment amener l’autre à
considérer la douleur de l’infertilité ?
Comment faire comprendre à l’autre que pendant qu’elle se plaint de ses
milles et un maux liés à la grossesse et qu’elle est « dont ben tanné
d’être enceinte », moi je ne rêve que de ça… Que j’échangerais bien tous les maux liés aux
traitements hormonaux contre ses maux à elle, parce que ça signifierait que je
suis enfin enceinte ! Comment
faire réaliser à l’autre que pendant qu’elle se réjouit, moi je mets mon
organisme sens dessus dessous…
Loin de moi
l’idée d’amener l’autre à ne jamais parler de sa grossesse ! On est sur deux réalités totalement opposées qui ne sont pas tout à fait compatibles.
Nous sommes sur deux extrêmes.
Par contre, je demande que l’on respecte le fait que je me retire quand
les discussions sont trop lourdes à porter pour moi… Il m’est impossible de
parler bébé à tous les jours. C’est trop
difficile psychologiquement… Surtout lorsque je suis en plein
traitement !
Je demande que l’on respecte ma douleur et ma
peine, au même titre que je respecte la joie et le bonheur de l’autre en me
retirant.
Petit conseil :
Je suis parfaitement consciente que les gens ont peur de nous annoncer qu'ils attendent un enfant! Les gens ont peur de nous blesser et ont peur de nos réactions. Annoncez le doucement, mais ne tardez pas trop. Nous finirons par l'apprendre, de toute façon. N'espérez et n'attendez pas que nous sautions de joie. Nous sommes heureux pour vous, mais autrement! Dans un premier temps, nous devons gérer notre propre situation. Finalement, n'insistez pas pour que nous nous rapprochions et ne nous reprochez pas de nous éloigner. C'est pour nous et pour vous que nous gardons nos distances.
Lorsque bébé sera là, le plus dur pour nous sera passé : la grossesse!
Voici donc le tabou #2... Même sur les forums de discussions, lorsque le sujet est abordé, des personnes fertiles viennent nous reprocher nos réactions... C'est un sujet très sensible et très délicat... d'un côté de la clôture comme de l'autre.
Je suis parfaitement consciente que les gens ont peur de nous annoncer qu'ils attendent un enfant! Les gens ont peur de nous blesser et ont peur de nos réactions. Annoncez le doucement, mais ne tardez pas trop. Nous finirons par l'apprendre, de toute façon. N'espérez et n'attendez pas que nous sautions de joie. Nous sommes heureux pour vous, mais autrement! Dans un premier temps, nous devons gérer notre propre situation. Finalement, n'insistez pas pour que nous nous rapprochions et ne nous reprochez pas de nous éloigner. C'est pour nous et pour vous que nous gardons nos distances.
Lorsque bébé sera là, le plus dur pour nous sera passé : la grossesse!
Voici donc le tabou #2... Même sur les forums de discussions, lorsque le sujet est abordé, des personnes fertiles viennent nous reprocher nos réactions... C'est un sujet très sensible et très délicat... d'un côté de la clôture comme de l'autre.
La personne infertile n'est ni frustrée, ni jalouse. Elle est simplement comme n'importe quel être humain qui se fait montrer continuellement tous ses défauts et tous ses échecs.
Je fais donc mon mea culpa, tout en vous expliquant les causes de mes attitudes... Je suis désolée si, au cours des 5 dernières années, j'ai pu offenser qui que se soit dans mon entourage.
Que dire de plus... c'est exactement ça!
RépondreSupprimerMerci :o)
SupprimerC'était il y a une année ce message, mais merci pour ton témoignage. Tout est dit, tout est bien dit même. Ca me fait beaucoup de bien de te lire et de me rendre compte que je ne suis pas seule avec ces émotions vis-à-vis des copines qui sont enceintes et que toute ma culpabilité n'a pas raison d'être, car si je pouvais faire autrement, et bien je ferais autrement! Merci beaucoup.
RépondreSupprimerAvec plaisir!
SupprimerJe suis contente de lire que tu te reconnais et que ça te fais du bien de voir que tu normale!
WoW! Je viens de tomber sur cet article et même 3 ans après que tu l'ailles écrit, il me fait du bien. Je vis présentement cet situation «plate» où mon amie vient de m'annoncer qu'elle est enceinte alors que côté fertilité, nous ça ne va pas du tout, et ça m'aide, ça me fait du bien. Tu mets des mots où même moi je ne savais décrire mes sentiments.
RépondreSupprimerMerci! :)
Haaaaa merci! Ça fait toujours plaisir de lire des commentaires comme celui-ci!
RépondreSupprimerMerci!
Je suis en larmes en lisant cet article, étant moi-même en plein traitement de fertilité pour essayer de concevoir un 1er enfant à 37 ans, ca fait du bien de savoir qu'on n'est pas seule là-dedans, c'est tellement dur parfois, les couples fertiles ne se rendent pas compte! Merci d'avoir si bien exprimé ce que nous ressentons, les aspirants parents !!!
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