dimanche 22 juin 2014

Mon histoire d'allaitement

J'ai longtemps réfléchi à parler de mon allaitement ici...  Parce que c'est un sujet à polémique et que moi je ne suis pas très polémique...

Malheureusement, qu'on parle de biberons ou d'allaitement, il y a des personnes qui se sentent jugées. Malgré ce que plusieurs peuvent penser, tout comme la femme décidant de donner le biberon (et ce peu importe la raison motivant le choix), la femme décidant d'allaiter se fait casser les oreilles.

Personnellement, je suis toujours hésitante à parler de mon allaitement. J'ai l'impression que, parce que je parle de mon allaitement ou de ce qui m'a aidé, on considère que je juge la femme n'ayant pas allaité...  Je dois répondre à des questions ("quand arrêteras-tu?", "Comment peux-tu être certaine qu'elle boit suffisamment ou que ton lait est bon?") et essuyer des commentaires ("elle ne fait pas ses nuits?  C'est pour ça!", "Elle mange et tu l'allaites encore?  Pourtant elle n'en a plus besoin...", "Elle t'utilise comme tétine!  C'est claire!", "Je plaints ton chéri!", "Tu n'es pas tanné de te privé?")...

Finalement, plus souvent qu'autrement, quand je parle de mon histoire d'allaitement, je me sens jugée...  Surtout depuis que j'ai dépassé le 6 mois! Cherchez l'erreur...  La personne n'allaitant pas considère que je l'a juge parce que j'allaite  ET moi, parce qu'on essaie de me prouver que l'allaitement n'est pas nécessaire ou que j'en fait trop, je me sens jugée...

Bref, malgré tout, j'ai décidé de vous parler de MON histoire d'allaitement.  Il ne concerne QUE MOI!

J'aimerais être respectée dans mes choix autant que je respecte les vôtres. Ce n'est pas parce que mes choix sont différents que je considère que les vôtres sont mauvais.

* * * * *

Déjà un peu plus d'un an que j'allaite.

Les débuts ont été relativement facile pour moi.  J'ai eu un bébé qui a pris le sein très facilement et qui tétait correctement dès ses premières minutes de vie.  J'ai aussi eu beaucoup de support de la part de mon entourage et, surtout, de mon mari.  Ce dernier, les premières semaines, se levait, m'amenait Charlotte dans le lit et retournait l'a coucher. Il m'a supporté et encouragé quand ça allait moins bien. Il était présent et aidant!

Côté bobo, je n'ai eu qu'une petite crevasse, rien de bien grave.  J'ai réglé tout ça rapidement avec de la lanoline lors de l'allaitement, du lait maternel sur la dite crevasse et, au grand bonheur de mon mari, en restant les seins nues dans la maison!


Bien sûre, j'ai eu des moments de découragement. J'ai souvent pensé abandonner...

Par exemple, au commencement, alors que Charlotte s'étouffait à cause de mon réflexe d'éjection trop fort.   Ou bien lors des tétées groupées, généralement liées à une poussée de croissance, où j'avais l'impression de ne pas produire suffisamment...  Et où, finalement,  24 heures plus tard, mon corps s'était ajusté et j'avais l'impression de trop produire!

Dans la même lignée, vers ses 3 mois, alors qu'elle buvait et buvait et buvait depuis près d'une semaine, je pensais à mon objectif de 1 an et je me disais que je ne tiendrais jamais jusque là. J'en ai même pleuré de fatigue! Combien de fois j'ai dis à mon mari que je me sentais comme une vache!  Par chance, ça ne durait que quelques jours et, quand je n'en pouvais plus, on décongelait de mon lait et il donnait un biberon.  D'ailleurs j'avais fait une petite réserve pour pouvoir sortir sans Charlotte.

Il y a eu aussi les nombreux réveils la nuit où elle voulait téter pour se rendormir et où moi, par manque d'énergie, j’acquiesçais...  Tout en me disant que si je continuais ainsi, ça ne finirait jamais... JA-MAIS!!

Il y a eu de moments drôles (après coups) ou mignons...  Par exemple, il y a les (trop) nombreuses nuits où je me réveillais détrempée parce que pour une raison obscure j'avais des fuites...  Il y a même eu une période où je dormais avec une serviette sur et sous moi (en plus des pads d'allaitement qui n'étaient jamais suffisant!)!

Je pense aussi à Charlotte qui mettait systématiquement son pied gauche (lorsqu'elle était couchée sur le côté droit) sur mon épaule.  Ou à ses sourires, le seins dans la bouche, parce que je l'ai chatouillé sans le vouloir... J'ai aussi souvenirs des nombreuses fois où, pendant qu'elle tétait, elle me flattait le visage ou jouait dans mes cheveux.


Pendant la dernière année, j'ai dû essuyer de nombreux commentaires.  Qu'on allaite ou pas, on y passe toutes j'imagine!

Certains me disait que "c'était plus compliqué que le biberon, quand même, lorsqu'on est en sortie!" quand, à mon avis, c'est tout le contraire étant donné que je n'avais rien à transporter...  En France, alors qu'elle n'était qu'allaitée, on ne transportait que des couches!

D'autres plaignait mon mari, car "Pauvre lui, c'est une zone interdite!".  Au commencement, oui, ça coule souvent, mais après quelques temps, la production change et devient à la demande...  Ça ne coule plus!  Et puis, à moins qu'il "tète", il n'y a pas de réflexe d'éjection!

Et finalement, j'entendais souvent la question "Et tu comptes allaiter...  combien de temps?".

Combien de temps...

Au début, je répondais que mon objectif était 1 an.  Je voulais donner la dernière téter à Charlotte le matin de son premier anniversaire.  Puis, c'est devenu plus flou, je répondais jusqu'à ce que moi ou elle ne soyons plus à l'aise...

Charlotte a célébré son premier anniversaire, il y a 2 mois.  Avec le pieds-mains-bouche!  Je n'ai donc pas fini le sevrage qu'elle avait elle-même débuté. Je trouvais que le moment était mal choisi. Et puis, avouons-le, moi je n'étais pas prête.

C'est la semaine dernière que mon allaitement a officiellement pris fin. Naturellement, sans pleure, sans demande déchirante de Charlotte. Sans que j'y fasse quoique se soit, finalement...  Avec, quand même, un petit pincement au coeur pour moi.

C'est la fin d'une époque.


Bref, j'ai eu un allaitement facile, avec le support et le respect de mon entourage. J'imagine que tout aurait pu être différent si tous ces facteurs n'avaient pas été réunis. J'ai aussi eu une fin d'allaitement respectueuse du rythme de Charlotte. Un point hyper important pour moi. Je me considère chanceuse d'avoir pu procéder ainsi.

Je sais que j'ai eu un allaitement de rêve.
Je sais aussi que j'ai été bien informé et supporté par mon CLSC, mon conjoint, ma famille et mes amies.
Finalement, je sais pertinemment que ça aurait pu être tout autre chose.

dimanche 15 juin 2014

Fêtes des pères et infertilité

Je sais, je ne suis pas très présente...  J'alimente peu mon blog et je vous visite peu.  Ce n'est pas par manque d'intérêt, loin de là!  Je manque de temps!

Avant, je vous visitais lors de mes pauses au travail.  Depuis quelques semaines, lorsque je prends une pause, je l'a prend avec mes collègues...

Bref, je m'en excuse!  Je tente de rattraper mon retard le week-end, mais ce n'est pas facile!

* * * * *

Hier, j'ai lu une touchante entrevue que Catherine-Emmanuelle Delisle (auteure de Femme sans enfant) a réalisé.  Sa première entrevue avec un homme sans enfant.  

Très à propos en ce week-end de la fête des pères!

La femme étant plus expressive, plus encline à communiquer ses émotions, elle prend souvent toute la place dans les tribunes.  On parle de leur horloge biologique qui fait tic-tac (aux femmes), de leur détresse entourant le fait de ne pas être capable de créer et porter la vie, de la douleur des traitements qui s'inscrit dans leur chair...  

On entend peu parler des hommes infertiles ou stériles.

Pourtant, il y en a...  Il y a François de Don D'ovule et il y a Chris de Père malgré tout (il a d'ailleurs écrit un livre).  Y en a-t-il d'autres?  Sûrement!  (Manifestez-vous!).

Quand la fête des mères arrivent, nombreuses sont les blogueuses à faire état de leur tristesse et de leur difficulté à affronter cette journée...  J'en ai moi-même fait partie!

Peu d'entre elle, par contre, abordent la douleur que leur conjoint ressent en cette journée...  

Pourtant cette journée est aussi pénible pour les hommes comme l'explique François dans l'entrevue réalisée par Catherine-Emmanuelle :
En fait, toutes les fêtes représentent pour moi des moments difficiles car elles exacerbent ma solitude et me rappellent que je n’ai pas d’enfant. 
Messieurs, aujourd'hui j'ai une douce pensée pour vous!

J'émets aussi le souhait que le tabou entourant ce que vous vivez finisse par tomber.  J'aimerais tant vous entendre plus!  J'aimerais temps que plus d'hommes prennent le micro pour parler du vécu masculin entourant l'infertilité et l'absence d'enfant!  Vous en bénéficieriez tellement et, peut-être (j'ose espérer), l'infertilité ne serait plus considéré comme un problème féminin dans la société...  Peut-être que nos voix réunies seraient plus écoutées et moins taxées de sur-émotivité (à cause des hormones et du fait que ce sont les femmes qui parlent!) !

Bref...

Bonne fête des pères à tous ces hommes qui ont galéré!

Bonne fête des pères à cet homme qui partage ma vie et qui est un merveilleux papa!