Depuis quelques jours, je jongle avec plusieurs sujets. Il y a tant de chose que j’aimerais vous dire, tant de chose que j’aimerais expliquer. Je sais bien que je dois mettre de l’ordre dans tout ça et que certains sujets doivent rester dans notre jardin secret (directive venant directement de la direction générale de notre couple, c’est-à-dire lui et moi ou moi et lui, c’est comme vous voulez!).
Je pense que de commencer par la base est essentiel. On ne construit pas de maison sans couler les fondations! Pour les vierges des traitements de fertilité, je vous offre donc une partie du savoir que j’ai accumulé au cours des dernières années.
Voici donc les informations qui vous permettront de bien comprendre notre situation et celles des autres couples dans la même situation que nous. Je vous passerai le cours d'anatomie du système reproducteur féminin et masculin. Pour ceux qui en aurait besoin, par contre, je laisse quelques liens : Système reproducteur féminin, Système reproducteur masculin et fécondation.
Tout d’abord, Un couple est considéré comme ayant un problème de fertilité après 12 mois d’essais. Pas un « j’ai arrêté la pilule, on ne fait pas attention, mais on n’essaie pas forcément… ». C’est 12 mois d’essaies.
Selon Statistiques Canada, 2 couples sur 10 n'arriveront pas à créer la vie à l'intérieur de 12 mois. Si on arrondi les chiffres, parmi ces 2 couples, un devra consulter un spécialiste. Par conséquent, un peu moins d'un couple sur 10 au Canada (statistiques similaires ailleurs dans le monde) devra rencontrer des spécialistes et prendre un traitement s'ils désirent se reproduire!
Dès qu’un soupçon vous habite quant à votre fertilité, vous pouvez consulter. La non-présence ou la grande irrégularité des règles, les douleurs lors des rapports sexuels et une courbe de température sans augmentation franche sont autant de raisons d’avoir des soupçons.
La première étape, chez le spécialiste (gynécologue, couvert par la RAMQ, même en clinique de fertilité), sera un beau questionnaire. Vous avez l'impression de passer une examen, mais de ne pas avoir étudié. Votre seul point de repère c'est vous... alors comment savoir ce qui est normal ou pas? Voici un exemple de question :
- Depuis combien de temps vous essayez-vous?
- La fréquence des rapports sexuels?
- Pénétration douloureuse?
- Maladie chez madame? Chez monsieur?
- Antécédents familiaux d’endométriose, de fibromes, d’ovaires polykystiques?
- Grossesse précédente, fausses-couches, enfants d’un autre union?
- Acné chez madame?
- Prise et perte de poids chez madame depuis l’arrêt de la pilule?
- Des poils foncés chez madame à des endroits où ce n’est pas normal?
- Pilosité foncé?
- Etc.
Vous ressortez avec des prises de sang pour les deux, un spermogramme pour monsieur et un bilan de la réserve ovarienne (échographie effectué par voie vaginale à faire entre le jour 3 et 5 du cycle), une hystérosonographie ou hystérographie et des courbes de températures à faire pour madame! Pour certains, plusieurs autres tests seront nécessaires. Une laparoscopie peut aussi être recommandée pour vérifier visuellement l’état de l’utérus. J’ai fait ce test entre les IAC et les FIV.
Une fois tous les résultats reçus, le gynéco analysent et posent son diagnostic. Il a un choix varié : endométriose, ovaires polykystiques, asthénospermie, etc, etc, etc. Parfois, le verdict est « tout est nickel, d’un côté comme de l’autre! »
Pour nous, ce fut les ovaires polykystiques et la qualité et quantité moindre des spermatozoïdes. Plus tard, nous avons ajouté les adhérences et un niveau critique de spermatozoïdes nous rapprochant de l’asthénospermie.
Tout le processus est un peu troublant. Les médecins en parlent avec beaucoup de détachement. Une discussion autour de la fréquence des rapports sexuels devient normale. On ne parle pas de faire l’amour ici… On parle de se reproduire. Au début, on est gêné de laisser entrer tant de gens dans notre intimité, puis, avec les mois on se rend compte que nous aussi nous sommes du côté médical. On devient même troublant pour notre entourage qui trouve qu'on parle de tout ça avec un peu trop de détachement.
La réception du diagnostic est facile pour certains et difficile pour d’autres. Pour nous, ce fut un soupir avec un « ENFIN, on va pouvoir passer aux choses sérieuses! » Pour nous, avoir un diagnostic, c'est avoir quelque chose à blâmer, mais surtout avoir quelque chose à soigner! Par contre, ce n'est pas pour autant que le diagnostic est facile à accepter. C'est une condamnation à ne pas pouvoir faire sans aide médicale ce que tous les êtres vivants font seuls : se reproduire! C'est un deuil, une adaptation à faire. Vous allez sûrement me dire qu'il y a des deuils plus gros... Oui, c'est vrai... Mais ça en est tout de même un et, croyez-moi, il n'est pas si facile puisqu'il remet en cause nos gênes, notre intégrité, notre participation sociale (parce que vient un jour le moment où tout le monde a des enfants, mais pas nous, et ou les remarques "si t'avais des enfants tu comprendrais!", "Profites-en pendant que t'a pas d'enfants!" ou pire "Pensez-y bien avant d'avoir des enfants, c'est pas trop tard pour vous... Parce que moi, des fois, je me dis que vous, vous êtes bien!" deviennent fréquentes...)
On fini par s'adapter, trouver un équilibre... Mais on y pense constamment :
- quand le réveil sonne pour que vous preniez votre température;
- quand le thermomètre fait "bip.... bip... bip...";
- quand vous avalez un comprimé;
- quand vous vous faites une injection;
- quand il y a une pub avec des bébés dedans;
- quand vous voyez des enfants;
- quand vous voyez une femme enceinte;
- quand ou vous pose la question;
- quand vous devez manquer le travail pour une échographie, une prise de sang, un spermogramme,...;
- quand vous êtes déprimé;
- quand rosie débarque et que vous devez annoncer son arrivé au futur papa qui, plein d'espoir, guette vos allés-venus à la toilette et tous vos symptômes indiquant que vous pourriez être enceinte;
- quand vous vous privez d'alcool parce que vous pourriez être enceinte présentement et qu'il est hors de question que si vous êtes enceinte vous mettiez cette grossesse à risque, surtout avec tous les problèmes que vous avez à avoir cette grossesse;
- quand vous avez une relation sexuelle programmée par votre médecin;
- quand vous êtes sur une journée où vous auriez envie de faire l'amour, mais que vous ne pouvez pas parce que si vous le faites ce soir, la qualité/quantité de spermatozoïdes sera amoindrie et que, par conséquent, vos chances seront elles aussi amoindries... Ou tout simplement parce que vous êtes dans les 4 jours d'abstinence nécessaire pour tel ou tel test... Malheureusement ce désir tombe en dehors de l'horaire prévu par vos médecins pour les rapports sexuels...;
- quand vous avez un rapport sexuel, mais que vous n'en avez pas envie;
- quand vous n'avez plus envie de faire l'amour parce que vous avez tout le temps l'impression d'être "obligé" de le faire et qu'une pause, ça vous fait du bien! Pendant ce temps-là, au moins vous ne pensez pas à faire un bébé!
Image empruntée à internet |
Vous voyez le truc?
Viennent ensuite les traitements. Il existe un ordre, mais en fonction du diagnostic et de la gravité de celui-ci, certains paliers peuvent être sautés. Dans notre cas, nous n’avons sauté aucune étape :
- Prise d’hormones
- Insémination artificielle avec sperme de conjoint ou IAC (ou donneur selon le dx de monsieur ou IAD)
- Fécondation in vitro (FIV)
- Et avec un peu de chance, si la poule a bien pondu à la fiv, quelques transferts d’embryons congelés (TEC) lorsqu'aucun transfert n'a pu être fait pour une raison médicale ou que le résultat de la fiv est négatif ou pour bébé #2, #3, etc.
Le bal des hormones, des sauts d’humeurs, des colères, des grandes joies, des grandes tristesses, du désespoir et de l’espoir suivront. On se laisse guider par notre équipe de spécialiste, tout en surveillant qu’ils n’oublient rien (ou qu’ils ne vous oublient pas!).
Je vous expliquerai chacune de ces étapes séparément dans les prochains billets.
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