jeudi 27 juin 2013

11h11

Avez-vous déjà fait ça?  Faire un vœu lorsque tous les chiffres de l'horloge sont identiques?

Ce week-end, nous sommes allés faire du camping avec Charlotte!  Un première pour elle! Du camping de luxe puisque nous avions accès à la roulotte (et toutes ses commodités) de mes parents.  J'en reparlerai!

Alors que j'allaitais dans la roulotte de mes parents, l'horloge a affiché 11h11. Je me suis surprise à chercher un vœu à faire...

Je n'ai rien trouvé!

J'ai réalisé que j'avais tout ce que je désirais!

C'est un sentiment que je souhaite à toutes les pmettes!


Étrangement, c'est lorsque je plis ses petits vêtements que ça me frappe :
JE SUIS MAMAN!

mardi 18 juin 2013

Fin de mon essai!

Voilà, c'est fait!

J'ai terminé mon essai.

Ne me reste qu'à l'envoyer à mon professeur.  Comme à chaque travail majeur, je n'arrive pas à l'envoyer.  Il y a toujours place à l'amélioration...  Et en même temps, j'ai hâte que se soit derrière moi.

C'est un peu plus de 6 mois de travail que je clos en l'envoyant... Un travail de moine : plus d'une centaine d'articles scientifiquse portant de près ou de loin sur l'infertilité, un résumé pour chacun de ces articles, la rédaction d'une revue de la littérature en lien avec le sujet et, enfin, la rédaction de l'essai.

Et dans tout ça, il y a eu la naissance de Charlotte.

Je suis satisfaite d'avoir effectué cet essai pendant ma grossesse.  J'ai pu faire le point sur ce que j'ai vécu. J'ai pu faire la paix avec mon parcours.

Il m'a aussi guidé vers un domaine de travail pour la fin de mon congé de maternité (en mars 2014).  J'ai donc quelques mois pour permettre à tout ça de prendre forme ET d'aller chercher la formation qui me manque (et oui, encore des études!!!).

Je pense à suivre la formation d'accompagnante de naissance.  Aider les couples au prises avec des difficultés d'adaptation dues à leur infertilité et accompagner les couples infertiles avant et pendant la grossesse...  Mais bon, ça c'est un autre sujet.  J'en reparlerai lorsque ça pendra forme!

Pour les curieux et les intéressés, je partage avec vous mon essai. Je l'ai d'ailleurs envoyé au Commissaire à la santé et au bien-être dans le cadre de la consultation publique sur les activités de procréation assistée au Québec. C'est cette version que je partage avec vous (le corps est identique à la version essai, mais il y a ma présentation et il n'y a pas le bilan de mes apprentissages).  N'hésitez pas à me laisser vos commentaires.


Puisque certaines blogueuses sont citées, je tiens à remercier :

Certaines lectrices m'ayant écris en privé ont aussi été cité.  N'ayez crainte, je n'ai mentionné que votre prénom.  Il est donc impossible de remonter jusqu'à vous!  Merci pour vos témoignages!

Finalement, merci aux filles du forum de discussion DLVDM. C'est vous qui m'avez accompagné avant que ce blog naisse.  Deux d'entres-vous ont été cité sous leur pseudo!

Voilà, c'est fait!
J'ai officiellement terminé mon DESS en santé mentale!
À moi maintenant le titre de psychoéducatrice!


samedi 8 juin 2013

Bilan sur la grossesse

Cette semaine, en lien avec mon essai, je suis retournée lire "Mode d'emploi pour des proches maladroits" sur le blog d'Annahé.

Ce billet m'a fait réfléchir sur ce que j'ai vécu en début de grossesse et mon malaise... J'ai eu le temps de bien analyser mes émotions concernant l'infertilité dans la dernière année, mais je n'ai pas beaucoup fait d'introspection sur ma grossesse.

Pendant presque toute ma grossesse (jusqu'à la 30e semaine environ), j'ai eu l'impression de me battre contre moi-même et contre les autres! Surtout contre moi-même!

Il y a eu la découverte de la grossesse qui m'a procuré une très grande joie. L'espace de quelques minutes! Et qui a laissé la place à l'incrédulité, le déni et la peur. J'ai dû faire une dizaine de tests de grossesse en l'espace d'un mois pour me rassurer! Ça c'est sans compter toute la saga qui a entourée les prises de sang et mon taux qui n'augmentait pas.

Ensuite est venu le temps de l'annoncer à nos proches. Nous n'en avions tellement pas envie! Nous aurions voulu garder cette nouvelle pour nous... Ne pas laisser les autres entrer dans notre bulle... Celle où nous tentions désespérément de faire du ménage et de trouver un équilibre. Laisser entrer nos proches, c'étaient les autoriser à venir tout chambouler et remettre en question ce que nous vivions et la façon dont nous le vivions. On a de l'expérience là-dedans en tant qu'infertile, n'est-ce pas? Nous savons que trop bien que, malgré leurs bonnes intentions, nos proches peuvent gaffer et ne pas comprendre ce que nous vivons...

On ne s'est pas trompé... Malgré nos demandes, nos mises en garde et nos indications, quelques personnes ont accourus pour nous féliciter, nous dire que "tout se passera bien, c'est arrivé à une de mes amies et elle a accouché d'un beau bébé, il y a quelques mois" et qu'on s'en faisait pour rien. Notre entourage était très heureux pour nous, certains étaient même trop heureux de notre point de vue! On avait l'impression d'être des imposteurs... Nos réactions, lorsqu’on les comparait à celles de nos proches, nous amenaient à croire que nous étions anormaux.

Je crois sincèrement qu'il est normal pour nos proches de vivre une grande joie à l'annonce de la réussite de nos traitements. Je crois aussi qu'il est normal que leurs émotions soient en décalage avec les nôtres. Ils ont vécu de la tristesse et du désarois face à notre situation, mais ils n'ont pas vécus "le monde qui s'écroule" à chacun de nos échecs. Ils n'ont pas vécu tous nos échecs, c'est-à-dire celui du premier mois d'essais, ceux des traitements, ceux des pauses forcées où on espère qu'un miracle se produira malgré qu'on ne soit pas en essai, etc... L'ardoise n'est pas si longue et si négative de leur côté.  Pour eux "tout ira bien maintenant" parce que le sort ne peut pas s'acharner sur nous continuellement... Nous, on le sait que Dame Nature peut continuer à s'acharner. Déjà parce que les risques de fausses couches et de grossesses extra-utérines sont plus élevées en PMA, ensuite parce qu'on connaît des personnes qui ont vécus ces échecs et finalement parce qu'on est habitué aux tuiles! Pourquoi en serait-il autrement?

Je pense qu'au moment précis où une 2e ligne apparaît sur un test de grossesse, un sceau de sécurité se développe sur notre cœur! Ce sceau prend du temps à être retiré. Notre tête n'est pas prête à le retirer si facilement. C'est vers la 30e semaine que j'ai commencé à voir disparaître mes réflexes d’infertile et à réaliser que j'étais bel et bien enceinte!

Les personnes "fertiles" avec qui je parlais de ce décalage réagissaient toujours fortement.... J'avais l'impression que mes émotions n'étaient pas normales... Je disais "J'ai l'impression que les gens sont plus heureux que moi! Je n'arrive pas à gérer leurs émotions et les miennes!". On me répondait "Ben là, tu veux quoi! On est heureux! C'est normal! Tu ne devrais pas penser toujours au négatif!"

Oui, c'est normal que vous soyez heureux! Ce qui ne l'est pas c'est qu'on me demande de gérer mes émotions et celles des autres. Ça ne devrait pas être à nous d'en faire plus, mais à eux d'avoir une petite retenue... J'aurais dû me sentir supporter, pas juger!

Bref, certaines discussions m'amenaient à croire que j'étais anormale et que, peut-être, je ne "méritais" pas ce miracle... J'en suis venue à m'isoler de mes amies pour éviter d'entendre parler bébé et surtout pour m'éviter les "Tu verras quand..." et tous ces conseils des "déjà parents".  Psychologiquement, je n'étais pas rendue à cette étape...  J'étais en train d'assimiler que j'étais enceinte.  J'étais loin de l'étape "Je suis une future maman!"

Je me rends compte, en écrivant ces lignes, que plusieurs personnes devaient se dire que notre parcours était maintenant derrière nous... Ranger dans une petite boite fermée à clé! Que mes émotions et mes réactions étaient désormais les mêmes que la population fertile. Oui, c'est vrai! Mais pas totalement...

J'ai l'impression qu'il existe des degrés de séparation psychologique :
  • 1 degré de séparation entre la personne fertile et la personne infertile 
  • 1 degré de séparation entre la personne infertile et la personne infertile "enceinte"... 
  • 2 degrés de séparation entre la personne fertile et celle infertile "enceinte".... 
Une fois enceinte, tout le monde s'attend (et nous aussi) a ce qu'on intègre le rang des personnes fertiles et que l'on fasse table rase sur ce que l'on a vécu. Mais notre parcours ne s'efface pas... Profondément, on reste infertile... On garde nos réflexes de protection et notre sceau de sécurité!

Finalement, j'ai adopté le profil bas pendant ma grossesse et j'ai choisi mes batailles.  Je me suis permise d'assimiler l'étape "Je suis enceinte" à mon rythme!  Certains auraient peut-être préférés que ça se fasse plus rapidement...  Mais 5 ans et demi d'échecs, ça ne s'efface pas aussi rapidement que ça! Ça ne s'efface jamais complètement, en fait!

En terminant, parce que ce que je viens d'écrire concerne une minorité de personne dans mon entourage (c'est toujours la minorité dérangeante qui est visible, peu importe le sujet), j'aimerais parler de quelques personnes qui ont rendu la grossesse facile...

Ma mère qui a su écouté...  Qui n'a jamais jugé...  Qui m'a supporté et donné, à chaque fois, des conseils aux moments opportuns.

Ma belle-sœur M. qui téléphonait régulièrement de France pour prendre de mes nouvelles.  D'ailleurs, pendant nos traitements (et mon arrêt de travail, il y a quelques années), elle a toujours été présente, mais jamais omniprésente!  Sans le savoir (ou peut-être qu'elle le savait), elle me rassurait dans mes émotions...  Elle s'informait, lisait des forums.  Elle compatissait!  D'ailleurs, c'est elle qui sera la marraine de notre fille chérie.  Elle nous a permit de voir que les 6000 km qui nous séparent n'empêchent pas la proximité.

Et les autres membres de ma famille qui n'ont jamais forcé les choses, qui lisaient le blogue et qui nous ont respecté dans notre façon de vivre la grossesse.

Merci à vous!

Je l'avoue...  Je suis nostalgique...


dimanche 2 juin 2013

Il y a un an...

Avec le mois de mai, nous sommes entrés dans la série des "Il y a un an...".

Il y a un an, la fête des mères me laissait un goût amer en bouche. Il me rappelait que j'étais infertile.

Un an plus tard, j'ai célébré la fête des mères en ne faisant rien du tout...  Sauf m'occuper de ma fille!  Nous n'avons pas souligner de façon particulière la fête des mères. (En fait, c'est faux!  Nous nous sommes payer un super souper homards en famille lorsque mes parents sont revenus de voyage!) Aucun cadeau ne m'a été offert. Ça ne me dérange pas du tout.  Mon cadeau m'avait déjà été offert quelques semaines plutôt et il dormait paisiblement dans son lit.

Il y a un an, nous prenions la décision de penser à nous, de ne plus faire passer un enfant qui n'existe pas avant nos besoins et nos envies. Bon...  c'est vrai...  On ne l'a pas appliqué à 100%.  Nous avons tout de même annulé notre voyage en France pour faire une FIV (la gagnante!).  Mais le coeur y était!

Un an plus tard, nous faisons passer les besoins d'un enfant bien réel avant les nôtres. J'ai besoin de pantalons neufs, de nouvelle sandale, de draps neufs pour mon lit,...  Ces besoins sont tellement secondaires!

En une année, il s'en passe des choses!
Des pas belles (on y a goûter pendant les 5 années précédentes) et des merveilleuses!

* * * * *

En terminant, je partage avec vous un édito qui est paru dans le journal lors de la fête des mères. J'ai beaucoup aimé l'explication donné à la question "Pourquoi donner un cadeau à sa maman".  J'ai décidé de le retranscrire plutôt que de simplement donner le lien afin que tout le monde puisse le lire (s'il le désire) (je ne sais pas si les articles de La Presse peuvent être lus à l'extérieur du pays!).

Pourquoi faut-il donner des cadeaux aux mamans à la fête des Mères? Voilà la question que mon fils m'a posée cette semaine. Puisqu'il a déjà un intérêt particulier pour la biologie, je lui ai répondu ceci:
«Anthony, cette petite attention est une façon de dire merci à ta maman Caroline, dont la générosité envers toi a commencé bien avant ta conception. L'amour maternel débute par la production d'un ovule qui est 4000 fois plus volumineux que la tête d'un spermatozoïde. Si cet œuf est si gros, c'est parce que ta maman a pensé y stocker les lunchs nécessaires aux premiers stades de ton développement fœtal  De petits goûters pour te faire patienter dans son utérus en attendant qu'elle puisse te brancher sur son cœur  C'est cette même génétique qui pousse les mamans à remplir le congélateur de leur enfant de plats cuisinés quand, voulant couper le cordon ombilical, ces derniers signent leur premier bail.
«Après la fécondation de cet ovule bien garni, ta maman a rappelé ses cellules immunitaires à l'ordre pour éviter qu'elles s'acharnent sur tes composantes d'origine paternelle, qu'elles confondent avec des microbes. Lorsque des globules blancs d'une fille de Matane voient s'installer dans leur territoire des sous-produits d'un spermatozoïde de Sénégalais, ils déclenchent l'alerte et se préparent à charcuter le composite afro-québécois en formation. Alors pour éviter qu'un tel drame ne compromette ta survie, ta maman s'est dépêchée d'abaisser ses propres défenses cellulaires. Certains scientifiques pensent que c'est cette fragilité immunitaire induite qui explique en partie les nausées et les vomissements fréquents chez la femme enceinte.
«Tomber enceinte, mon garçon, c'est donner son cœur et son corps à quelqu'un qu'on n'a pas encore vu. C'est établir avec lui un lien presque indestructible. D'ailleurs, les scientifiques ont découvert que pendant la grossesse, les cellules du bébé peuvent traverser le placenta, s'incorporer dans le corps de la maman et y demeurer pendant très longtemps. Ce phénomène appelé microchimérisme fœtal explique que des décennies après son accouchement, on pourrait encore trouver des cellules vivantes d'Anthony dans le corps de sa maman Caroline. Ces cellules migrantes interviendraient entre autres dans la réparation des tissus et le renforcement du système immunitaire de celle qui t'a donné la vie. C'est comme si, avant de quitter l'utérus maternel, l'enfant donnait un petit cadeau à sa mère pour s'excuser des dommages causés par son passage dans son corps. 
«C'est ce lien puissant, semblable à une connexion sans fil, qui permet probablement à ma propre mère qui vit au Sénégal de sentir mes états d'âme à Montréal. L'enfant, disait ta grand-maman africaine, pèse d'abord pendant neuf mois sur le ventre de sa mère avant de lui peser sur le cœur pour la vie.
«Chaque fois que je quitte le Sénégal à la fin de mes vacances, ta grand-mère m'accompagne jusqu'à la sortie de notre concession. Elle me demande ensuite de lui serrer la main gauche en fixant le soleil. Le rituel terminé, la tradition veut que chacun s'éloigne sans se retourner. Ça m'a pris 15 ans avant de découvrir que ma mère n'avait jamais apprivoisé mon expatriation. Que fixer le soleil était une façon bien à elle de me cacher le torrent de chagrin qui parcourait ses grands yeux. Ma mère, comme bien des mamans de ce monde, n'a pas donné la vie. Elle a donné sa vie à ses enfants.
«Le mot placenta signifie 'gâteau' en latin. Une dénomination qui vient du fait qu'à la fin de la grossesse, cet organe ressemble à une grosse pâtisserie spongieuse. Ce qui veut dire que même la plus incompétente des mères a déjà été une maman gâteau et mérite donc une petite attention en cette fête qui leur est consacrée. Voilà pourquoi il faut fêter ta maman et remercier toutes les mamans du monde.»
Boucar Diouf, La Presse,  11 mai 2013