lundi 26 mai 2014

Emploi et PMA

Fut une époque, j'avais un bon boulot dans le réseau de la santé.  Mon équipe m'estimait et j'étais appréciée de mes clients...  Puis, un jour tout à changé.  Ma priorité dans la vie n'était pas de progresser professionnellement, ni même d'être parfaitement heureuse au boulot.  Ma priorité était de concevoir un bébé!

D'ailleurs, je n'étais plus heureuse au boulot...  Je n'étais pas heureuse nul part!  L'infertilité avait décidé de me collé à la peau et d'investir mes pensées.  24hrs / 24...  7j/7...  Même les jours fériés ou pendant les vacances.

J'y pensais tout le temps.  Tout m'y ramenait! Ça m'obsédait!

Alors, un jour, après plusieurs tergiversation avec mon conjoint, j'ai décidé de prendre une année sans solde à mon boulot pour me concentrer sur mon projet de vie et notre projet de couple!  Je remercie d'ailleurs mes parents qui m'ont accueilli à bras ouvert dans l'entreprise familiale.

Petite parenthèse, je ne fais pas exception à la règle. Plusieurs personnes souffrant d'infertilité cherchent à s'accomplir ou à vivre un changement.  Plusieurs quitteront leur boulot.  Plusieurs changeront de domaine.

Dernièrement, j'ai dû expliquer à plusieurs reprises la raison de mon sans-solde et de ma démission (parce que mon sans-solde s'est soldé par une démission).  Je venais de postuler sur un remplacement dans le même domaine (toujours au public). 

J'ai pris la décision de ne pas cacher la vérité, de ne pas taire les motivations derrières mes décisions.  Premièrement, parce que je ne veux pas me cacher et faire en sorte que l'histoire de Charlotte soit tabou!  Deuxièmement, parce que je considère que l'infertilité n'est pas une honte! Finalement, parce que je suis très à l'aise avec mon parcours et que je l'assume à 100%.

À chaque fois que j'abordais l'infertilité, je sentais les gens se tendre un peu.  À chaque fois j'ai dû préciser que si j'en parlais aussi ouvertement, c'était que je le voulais bien!

À l'entrevue, j'ai aussi eu à compléter un questionnaire médical.  Si j'avais voulu cacher mon parcours, il aurait ressurgit à cet endroit.  Certes, il serait rester confidentiel au niveau RH, mais j'aurais eu à l'aborder.  Comment expliquer une hystéroscopie?  et mon trouble de l'adaptation (dépression)?

Mon parcours ne m'a pas nuit.  Je travaille dans un domaine majoritairement de femmes, dans le réseau public.  C'est donc mieux encadrer et il est difficile de ne pas sélectionner un individu en lien avec autre chose que ses compétences.

Aujourd'hui, je devais passer un examen médical de pré-embauche.  Oui, j'ai eu l'emploi!  Encore une fois j'ai eu à réexpliquer!  Tout s'est bien déroulé...  Jusqu'à ce que je le reprenne sur une note qu'il était en train de prendre "Non, je ne suis pas SOPK, mais OPK...  On pourrait dire que j'ai des ovaires à tendance polykystiques...  Le syndrome est plus grave...  Il compte plus de symptômes..."  Là, j'ai perdu le Dr je crois!  C'était un médecin hyper sympathique...  Mais il a parlé comme quelqu'un qui s'y connaît peu en infertilité et, c'est là qu'il m'a perdu.

Il m'a simplement dit qu'il connaissait une femme qui a des OPK qui a vécu 2 ou 3 grossesses dans les dernières années. 

Ce n'était pas méchant! C'était, comme pour tous les autres, une façon de me donner espoir (il n'avait pas compris que j'avais une petite fille). 

Ça m'a fait un petit pincement.  Parce que j'ai eu l'impression qu'on minimisait mon parcours...  Parce que j'ai eu l'impression qu'on sous-entendait que mon histoire et celle de l'autre femme était pareil...  Parce que j'entendais que ça marche pour les autres, mais pas pour moi!

Pourtant, j'ai ma fille!  Pourtant, je ne suis pas en essais!  Pourtant! 

Finalement, l'infertilité a gardé une certaine emprise sur moi.  Elle ne m'a pas complètement lâchée!  Et vous savez quoi?  C'est bien ainsi!

Bref, j'aimerais croire que l'infertilité n'est pas tabou...  J'aimerais croire que les employeurs accommodent facilement les personnes en traitement...  J'aimerais croire en plein de choses...  Mais je suis réaliste!  Je prends des risques en parlant de mon parcours si ouvertement.  Je sais que je suis chanceuse et que tous n'ont pas cette chance.  Je sais aussi que pour plusieurs l'infertilité est et restera un sujet sensible, voire douloureux!

Je suis d'avis qu'il faut se respecter et écouter notre petite voix intérieure.  Elle a souvent raison.

4 commentaires:

  1. Bounty Caramel27 mai 2014 à 11:07

    J'adore. J'adore ta façon d'écrire et d'expliquer les liens/impacts travail-pma, tabous-pma, minimisation du discours - réalité vécue. J'adore !
    Bon courage pour ce nouveau job !
    Bises

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  2. Tu as eu bien raison de le faire. Nos priorités ne sont pas toujours les mêmes que celles qui sont socialement prônées, mais il faut justement penser à ce qui est important pour nous. Merci pour ton témoignage.

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    1. Et tu sais quoi? Si c'était à refaire, je ferais tout pareil. À tous les matins, j'ai une petite tornade qui me rappel pourquoi je l'ai fait!

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