mardi 15 avril 2014

Primipare et infertile

Être parent et infertile, pour plusieurs, ça ne fonctionne pas. Avoir eu un enfant signifie que tu n'es pas (plus?) infertile ou, en tout cas, que tu n'es pas une vraie infertile!

Infertilité = nulliparité!
Tout le monde sait ça voyons!

Avec la naissance de Charlotte, les questions "Vous en voulez plusieurs?" (question polie) et  "Le prochain, il est pour quand?" (question pas mal moins polie!) sont apparues.  Plus les mois passent, plus elles sont récurrentes et fréquentes!

Quand on dit qu'on est pas certain, qu'on y réfléchit, ça engendre des questionnements et, selon la réponse, on a droit à des regards d'incompréhension ou, carrément, d'exaspération.

Les commentaires les plus fréquents...

"Vous n'y pensez pas! Un seul enfant! Vous allez en faire une enfant gâtée!"
Ouin, pis? Elle peut être gâtée et bien élevée! Non?

"C'est mieux si elle a un frère ou une sœur! Elle ne sera pas seule!"
Seule?  On est là, non?  Et nos familles aussi!  Et puis, elle aura des amies en vieillissant, non?

"Vous avez mis tellement d'effort pour le premier!  Maintenant que la recette gagnante est connue, ça va se faire les doigts dans le nez!"
S'il y a quelque chose que la PMA m'a apprise c'est que la recette gagnante du cycle X, n'est pas nécessairement celle du cycle Y.  Il y a autant de recette gagnante qu'il y a de patientes et de cycles!

"Maintenant que tu as eu un enfant, ton corps sait comment faire!  Tu vas sûrement tomber enceinte naturellement!"
Et l'infertilité de mon mari?  Ma grossesse l'a réglée?

Au milieu de tout ça, l'intimité et le choix personnel semblent des concepts bien abstraits!

Ça me dérange particulièrement quand ces phrases proviennent d'individus connaissant notre parcours.  Encore plus quant ça vient de personnes infertiles. Comme si, lorsqu'on a réussi à se reproduire, notre progéniture, aussitôt sortie, vient tout effacer. Comme si instantanément, la douleur physique et psychologique qu'engendre l'infertilité et la pma disparaissaient! Comme si on oubliait tout (je l'entends souvent celle-là, même Marie-Soleil Michon l'a dit dans son entrevue à TLMEP...).  Oui, c'est vrai, on en parle moins, on essaie même d'éviter le sujet...  En fait, on tente d'occulter cette douleur qui est en opposition avec le grand bonheur que nous vivons.  Mais oublier?  JAMAIS!  En tout cas, pas les grandes lignes.

Quand j'envisage un 2e enfant c'est à ça que je pense justement...  Je pense aux injections, au déséquilibre hormonal, aux sauts d'humeur, aux bouffées de chaleur, à la prise de poids, aux rdvs à la clinique à l'autre bout de Montréal, à la colère et à la tristesse accompagnant l'échec, à la fébrilité post-transfert...  À l'espoir...  Au désespoir...

Je sais que ça en vaut la peine, je l'ai sous les yeux à tous les jours.  Mais la question demeure...  Est-ce que le désir d'un 2e enfant est plus grand, plus fort que tous ces éléments réunis?

La réponse, dans notre cas, est oui!  Surtout que nous n'aurons pas (on croise les doigts) a refaire tout le processus puisque nous avons 5 petits flocons nous attendant patiemment sur la banquise.  Nous sommes chanceux, nous le savons! Mais je ne peux m'empêcher de penser aux autres, à ceux qui doivent refaire tout le processus...

Quand retournerons-nous à la clinique? On ne s'entend pas là-dessus!  L'un veut attendre, l'autre non... Et puis, on aimerait faire ça en tout intimité...  sans que personne ne le sache... On en rêve même si on sait que c'est techniquement impossible!

Bref, le jugement, la désinformation et le manque de tact reste et restera...


10 commentaires:

  1. Tssssss....... et Techniquement impossible vraiment vraiment ?
    Je ne l'espère pas.
    Bisous

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    1. Je travaille avec mon père, ma mère et mon conjoint! Donc s'absenter, à deux, il faut justifier loll. Mais pas aux patrons, là! Aux parents hahaha

      Et si c'est le w-e, faudra faire garder Charlotte lors du TE... Ça, on peut s'organiser, c'est ok.

      Mais pour le 1er point, c'est disons... difficile!

      Bises!

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  2. C'est marrant, hier je repensais à tout ceux que j'avais entendu dire qu'une fois qu'on était enceinte, on oubliait le parcours et que je ne me reconnaissais pas dans cette phrase.
    Je n'ai pas encore accouché que ça m'angoisse déjà de devoir y retourner pour un 2ème (surtout qu'il n'y a plus personne sur la banquise me concernant!). Je n'ai rien oublié et surtout je n'ai toujours pas digéré que je ne pouvais pas faire un enfant comme "tout le monde".
    Et quand je vois les questions qui nous attendent après la naissance de notre fils, c'est vrai que je n'ai pas hâte.

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    1. Je pense que, comme pour l'accouchement, les bénéfices sont plus grands que les désagréments. Une fois enceinte, on sait pourquoi on s'est donné tout ce mal.

      Mais, selon moi, ça ne fait pas en sorte qu'on oublie. J'ai oublié mes dosages, j'ai oublié les détails de mes prescriptions... Mais pas le reste... J'ai même encore l'odeur de la clinique qui me revient hahaha

      Plusieurs filles qui ont eu un bébé en pma et qui y retournent font un constat, par contre. Les traitements sont fait avec un peu plus de détachement parce qu'on sait que ça a déjà fonctionné. Aussi parce qu'on n'est pas dans la réalité nullipare où tout tourne autour de cet espoir de grossesse. On vit une autre réalité. Est-ce que les échecs et les traitements sont plus faciles? Peut-être pas... En tout cas, pas si les traitements s'éternisent...

      Je pourrai en témoigner dans quelques mois hahaha

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    2. Ha oui! Je te souhaite qu'on vous laisse respirer un peu avant de vous ensevelir sous les questions. Déjà, profitez du petit Félicien à venir! Il mérite toute votre attention avant de penser à lui concevoir un petit frère ou une petite soeur :)

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  3. les gens manquent de recul ou je ne sais quoi, il y aura toujours de maladresses... et puis chacun fait ce qu'il veut, je trouve débile d'insister en te disant que ta fille sera seule... sur le coup on ne comprend peut etre pas et puis après ilf aut se dire que tout le monde ne doit pas obligatoirement faire comme tout le monde.
    moi je te dirais de faire comme vous le sentez mais juste à savoir que deux enfants forts rapprochés c'est vraiment du sport et moi j'ai eu l'impression de rater un peu les progrés de mon premier quand il avait un an car ma seconde grossesse s'est un peu plus mal passé et du coup allongée, on rate des trucs forcément....

    je débarque ici, je lisais silencieusement depuis plusieurs jours quand j'ai découvert ton blog... ne te méprend pas je ne suis pas une infertile pure et dure... je suis juste touchée par les blogs qui en parlent car j'ai mis un orteil dans ce monde et j'ai eu la chance au bout du compte de ne pas aller plus loin que la stimulation simple...mais du coup je suis sensible au sujet, même deux enfants plus tard...
    de plus tu écris d'une telle façon qu'il est facile de te lire, tu es très réfléchie dans tout ce que tu dis !! c'est pourquoi je vais continuer à te lire aussi longtemps que tu écriras

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    1. Merci énormément pour ton commentaire!

      Dans mon entourage, il y a deux personnes qui ne sont passées que par la simple stimulation pour concevoir leurs enfants. Ça n'enlève pas que vous avez goûté à l'infertilité, que vous avez vu se profiler la peur de ne pas concevoir, etc. Et ce, même si ça été plus simple que pour d'autres! Tant mieux!

      Comme tu le dis, il y a des gens maladroits. Il y en aura toujours!

      Je prends bonne note de ce que tu dis (pour les enfants rapprochés!). C'est un des éléments de notre réflexion. Profitez de Charlotte uniquement avant de se lancer pour un 2e.

      Merci encore pour ton commentaire!

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  4. Tu as décrit exactement tout ce que je ressens
    L'envie du 2ème est la, même si elle n'est pas pleinement partagé (quand l'un veut maintenant l'autre veut attendre puis l'inverse ...). Et comme tu l'as si bien dit pour notre part il faudra tout reprendre à zéro, sommes nous vraiment près à revivre tout ca ?
    Quand aux réflexions de notre entourage, il faut prendre sur soit ...

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    1. Prendre sur soi! Exactement!
      On prend une grande respiration, on affiche un beau sourire et on continue notre chemin!

      En passant, ta fille est mignonne comme tout!

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  5. Rien que l'idée de devoir tout reprendre à zéro me file la nausée. Mais heu-reu-se-ment (il y a findus) ben non justement il n'y a aucun findus/flocon/embryon et surtout on n'a jamais voulu plus d'un seul enfant et ce, bien avant de savoir que le George était infertile.

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