lundi 16 septembre 2013

Le congé de paternité

S'il y a quelque chose qui me fâche, et ce n'est pas récent, c'est le discours de certains hommes concernant le congé de paternité.

Au Québec, il y a deux possibilités.  Le nouveau papa a 3 ou 5 semaines de congé dépendamment de la longueur du congé choisi pour la maman. Mon conjoint et moi avons pris le congé long.  Il avait donc 5 semaines. (Pour plus d'info sur le congé québécois, c'est ici!)

Bref, plusieurs hommes considèrent ce congé comme des vacances.  Ils le prennent plus tard pour faire des travaux ou pour partir en voyage (parfois même sans madame et les enfants).  Ces hommes voient ce congé de façon bien égoïstes et oublient la raison même de ce congé : aider la maman (jour et nuit) et profiter du nouveau-né.

Dernièrement, lors d'une discussion avec mon conjoint, mon père et un représentant avec qui ils font affaire, le représentant disait, tout fier, qu'il partait en vacances pour 2 semaines (sa femme allait être provoquée le lendemain).  Il disait trouver ce congé inutile, mais qu'il le prenait puisqu'on lui proposait. Il disait qu'il préférait travailler parce qu'il aimait ça et que, de toute façon, avant un an, c'est pas trippant un enfant. Mon père, lui, racontait que, dans le temps, il avait reçu une allocation assez conséquente et qu'à son avis c'était bien mieux ainsi...

Ce n'est pas la première fois que mon père tient ce discours devant moi. À chaque fois, je réagis fortement.

Oui, l'argent c'est bien.  Mais avoir son conjoint à la maison, pouvant aider la nuit lorsque bébé se réveille, pouvant nous permettre de dormir un peu pendant la journée, pouvant préparer les repas ou s'occuper du bébé pendant que nous préparons les repas, c'est bien pratique. C'est aussi génial, quand c'est le 2e, le 3e, etc.  Il peut s'occuper des autres enfants aussi.

J'ai l'impression que certains hommes oublient que l'accouchement est exigeant et éprouvant tant physiquement que psychologiquement...  Ce n'est pas le séjour à la maternité qui nous remet sur le piton. Surtout pas au Québec où le séjour est de 1 ou 2 jours si tout s'est bien déourlé. Il nous faut quelques jours/semaines pour trouver notre rythme.

Par le passé, nos mères étaient présentent pour venir nous donner un coup de main pendant les relevailles... De nos jours, elles travaillent nos mamans...  Tout comme nos soeurs et nos amies. L'aide est inexistante, la plupart du temps, si le papa n'est pas là.

Pour moi, le congé de paternité c'est aussi pour le père.  C'est son enfant, non?  Je n'arrive pas à concevoir qu'un homme puisse préférer être au travail plutôt qu'avec son bébé tout neuf.  Le discours tenu par le représentant sonnait à mes oreilles comme "T'as voulu un enfant?  Tu l'as!  Maintenant, ne m'en demande pas trop!  C'est à toi de t'en occuper! Et puis, c'est pas si difficile!".

Mon conjoint n'a pas pu prendre ses 5 semaines d'affilées puisqu'il travaille dans l'entreprise familiale et que mes parents partaient en vacances (prévues avant la grossesse).  Il a prit 2 semaines à la naissance de Charlotte et nous utiliserons les 3 dernières pour aller présenter la petite à sa famille paternelle.

Pendant son congé (les 2 premières semaines de vie de Charlotte), il se rendait régulièrement au bureau l'après-midi... Il s'y est d'ailleurs rendu l'après-midi même de mon retour à la maison (le lendemain de la naissance de Charlotte). Ensuite, pendant les 2 semaines de vacances de mes parents, il partait tôt et revenait tard...  Par chance, il travaille au bout de la rue.  Alors, il venait dîner avec moi à tous les jours. Je l'ai fait sans me plaindre, même si j'aurais aimé l'avoir à la maison, avec moi, sans le voir partir l'après-midi.  Je savais pourquoi nous le faisions...  C'est l'un des sacrifices que nous acceptons de faire quand on s'investit dans l'entreprise familiale. 

Notre seule dispute a d'ailleurs eu lieu à ce moment...  Il m'avait dit, la fin de semaine précédent son retour au travail, que j'allais devoir me débrouiller seule la nuit...  Que lui allait devoir dormir puisqu'il travaillait... Oui... Mais non...  Charlotte dormait à ce moment 1h30, se réveillait pour boire et pour être changée (30 minutes à 1h00) et se rendormait pour 1h30, etc.  Le jour comme la nuit! 

Ce soir-là, j'ai pleuré en allaitant Charlotte. J'étais épuisée, j'avais mal à mon fichu périnée déchiré au 2e degré, l'allaitement était un peu difficile et je broyais du noir parce que je me sentais seule... Je me suis demandée si les gens n'avaient pas raison...  Si je n'étais pas infertile parce que je n'étais pas une bonne maman, parce que je n'étais pas capable de me débrouiller seule et parce que je n'éprouvais pas de plaisir à prendre soins de ma fille! Je la regardais et je me disais que si elle disparaissait, je n'allais pas être affectée plus qu'il le faut... J'avais honte et je culpabilisais...  Après tout ce temps, j'avais l'impression que j'avais fais la pire gaffe de ma vie : faire un enfant.

Je vous rassure!  Maintenant, je vais mieux!  Je suis beaucoup moins épuisée, je considère que Charlotte mérite tous les efforts que nous avons fait et, surtout, je considère que je suis une bonne maman! C'était possiblement un petit "Baby blues"!

Reste que, encore aujourd'hui, c'est un sujet à éviter à la maison.  Il considère encore que ses journées sont plus difficiles que les miennes...  Et moi je maintiens encore que de dormir par bloc de 3 ou 4 heures (et non, elle ne fait pas ses nuits) ne permet pas le repos optimal.  Surtout qu'elle ne dort presque pas pendant la journée!

C'est la seule chose que j'aurais aimé faire différemment... J'aurais aimé, à ce moment, qu'il ne travaille pas dans l'entreprise familiale...  J'aurais aimé qu'il puisse faire comme tous les autres hommes de ma connaissance et rester à la maison...  Je pense que c'est ça qui me fâche : entendre des hommes lever le nez sur le besoin du congé de paternité quand, eux, on la possibilité de le prendre sans être constamment sur la sellette.

Aujourd'hui, on me dit que je suis chanceuse de profiter de ce congé parental pour partir en vacances en France... Déjà, je ne considère pas ce voyage en France comme des vacances.  J'ai 6 jours de vacances sur les 23 où je serai en France.  Et puis, j'aurais préféré avoir mon mari auprès de moi après l'accouchement.

Enfin...

Ce qui me fâche, c'est que les hommes qui tiennent un discours comme ça ne pense qu'à eux... Ils finissent toujours par ajouter, en riant, "Une chance que ma blonde ne m'entends pas..." C'est possiblement qu'un discours machiste...  Peut-être qu'il ne le pense pas réellement... Mais à la longue, ce type de discours pourrait faire en sorte que ce congé disparaisse...

Par chance, je sais que tous les hommes ne pensent pas ainsi...


1 commentaire:

  1. Un congé que j'aurai apprécié,s'il avait été existant...nous nous avions parfois la CHANCE d'avoir notre conjoint le jour de l'accouchement. La vision des gens doit changer face au congé parental et le chemin est ardu. Les hommes doivent apprendre à s'investir dès les premiers jours de vie du bébé et que ce n'est pas seulement une affaire de BONNE FEMME.

    Tu es une merveilleuse maman... et voir le regard de Charlotte lorsqu'elle te regarde cela dit tout.

    Grand-maman

    RépondreSupprimer