dimanche 2 juin 2013

Il y a un an...

Avec le mois de mai, nous sommes entrés dans la série des "Il y a un an...".

Il y a un an, la fête des mères me laissait un goût amer en bouche. Il me rappelait que j'étais infertile.

Un an plus tard, j'ai célébré la fête des mères en ne faisant rien du tout...  Sauf m'occuper de ma fille!  Nous n'avons pas souligner de façon particulière la fête des mères. (En fait, c'est faux!  Nous nous sommes payer un super souper homards en famille lorsque mes parents sont revenus de voyage!) Aucun cadeau ne m'a été offert. Ça ne me dérange pas du tout.  Mon cadeau m'avait déjà été offert quelques semaines plutôt et il dormait paisiblement dans son lit.

Il y a un an, nous prenions la décision de penser à nous, de ne plus faire passer un enfant qui n'existe pas avant nos besoins et nos envies. Bon...  c'est vrai...  On ne l'a pas appliqué à 100%.  Nous avons tout de même annulé notre voyage en France pour faire une FIV (la gagnante!).  Mais le coeur y était!

Un an plus tard, nous faisons passer les besoins d'un enfant bien réel avant les nôtres. J'ai besoin de pantalons neufs, de nouvelle sandale, de draps neufs pour mon lit,...  Ces besoins sont tellement secondaires!

En une année, il s'en passe des choses!
Des pas belles (on y a goûter pendant les 5 années précédentes) et des merveilleuses!

* * * * *

En terminant, je partage avec vous un édito qui est paru dans le journal lors de la fête des mères. J'ai beaucoup aimé l'explication donné à la question "Pourquoi donner un cadeau à sa maman".  J'ai décidé de le retranscrire plutôt que de simplement donner le lien afin que tout le monde puisse le lire (s'il le désire) (je ne sais pas si les articles de La Presse peuvent être lus à l'extérieur du pays!).

Pourquoi faut-il donner des cadeaux aux mamans à la fête des Mères? Voilà la question que mon fils m'a posée cette semaine. Puisqu'il a déjà un intérêt particulier pour la biologie, je lui ai répondu ceci:
«Anthony, cette petite attention est une façon de dire merci à ta maman Caroline, dont la générosité envers toi a commencé bien avant ta conception. L'amour maternel débute par la production d'un ovule qui est 4000 fois plus volumineux que la tête d'un spermatozoïde. Si cet œuf est si gros, c'est parce que ta maman a pensé y stocker les lunchs nécessaires aux premiers stades de ton développement fœtal  De petits goûters pour te faire patienter dans son utérus en attendant qu'elle puisse te brancher sur son cœur  C'est cette même génétique qui pousse les mamans à remplir le congélateur de leur enfant de plats cuisinés quand, voulant couper le cordon ombilical, ces derniers signent leur premier bail.
«Après la fécondation de cet ovule bien garni, ta maman a rappelé ses cellules immunitaires à l'ordre pour éviter qu'elles s'acharnent sur tes composantes d'origine paternelle, qu'elles confondent avec des microbes. Lorsque des globules blancs d'une fille de Matane voient s'installer dans leur territoire des sous-produits d'un spermatozoïde de Sénégalais, ils déclenchent l'alerte et se préparent à charcuter le composite afro-québécois en formation. Alors pour éviter qu'un tel drame ne compromette ta survie, ta maman s'est dépêchée d'abaisser ses propres défenses cellulaires. Certains scientifiques pensent que c'est cette fragilité immunitaire induite qui explique en partie les nausées et les vomissements fréquents chez la femme enceinte.
«Tomber enceinte, mon garçon, c'est donner son cœur et son corps à quelqu'un qu'on n'a pas encore vu. C'est établir avec lui un lien presque indestructible. D'ailleurs, les scientifiques ont découvert que pendant la grossesse, les cellules du bébé peuvent traverser le placenta, s'incorporer dans le corps de la maman et y demeurer pendant très longtemps. Ce phénomène appelé microchimérisme fœtal explique que des décennies après son accouchement, on pourrait encore trouver des cellules vivantes d'Anthony dans le corps de sa maman Caroline. Ces cellules migrantes interviendraient entre autres dans la réparation des tissus et le renforcement du système immunitaire de celle qui t'a donné la vie. C'est comme si, avant de quitter l'utérus maternel, l'enfant donnait un petit cadeau à sa mère pour s'excuser des dommages causés par son passage dans son corps. 
«C'est ce lien puissant, semblable à une connexion sans fil, qui permet probablement à ma propre mère qui vit au Sénégal de sentir mes états d'âme à Montréal. L'enfant, disait ta grand-maman africaine, pèse d'abord pendant neuf mois sur le ventre de sa mère avant de lui peser sur le cœur pour la vie.
«Chaque fois que je quitte le Sénégal à la fin de mes vacances, ta grand-mère m'accompagne jusqu'à la sortie de notre concession. Elle me demande ensuite de lui serrer la main gauche en fixant le soleil. Le rituel terminé, la tradition veut que chacun s'éloigne sans se retourner. Ça m'a pris 15 ans avant de découvrir que ma mère n'avait jamais apprivoisé mon expatriation. Que fixer le soleil était une façon bien à elle de me cacher le torrent de chagrin qui parcourait ses grands yeux. Ma mère, comme bien des mamans de ce monde, n'a pas donné la vie. Elle a donné sa vie à ses enfants.
«Le mot placenta signifie 'gâteau' en latin. Une dénomination qui vient du fait qu'à la fin de la grossesse, cet organe ressemble à une grosse pâtisserie spongieuse. Ce qui veut dire que même la plus incompétente des mères a déjà été une maman gâteau et mérite donc une petite attention en cette fête qui leur est consacrée. Voilà pourquoi il faut fêter ta maman et remercier toutes les mamans du monde.»
Boucar Diouf, La Presse,  11 mai 2013
 

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