vendredi 27 juillet 2012

Fertilité 43 : Tout est relatif!

Définition de relatif :
  • qui se rapporte à
  • qui n'est ni absolu, ni indépendant, qui implique une relation
  • qui n'est pas complet, qui n'est pas parfait

* * *

Les émotions ressenties et l'interprétation que nous faisons des évènements nous arrivant dépendent de plusieurs facteurs...  Ils dépendent de ce qu'on a vécu, de notre seuil de tolérance, de la compréhension de la situation de la part de notre entourage et du soutien qu'on nous donne (et qu'on accepte).

Chacun d'entre nous interprète les évènements à sa façon et gère la situation du mieux qu'il peut. La comparaison et le jugement deviennent donc facile puisque chacun croit savoir et faire mieux.  C'est souvent à cause de tout ça que des conflits naissent.

D'autre part, nous n'avons pas tous le même niveau de capacité à se mettre à la place de l'autre.  De toute façon, ce n'est pas parce qu'on a la capacité de se mettre à la place de l'autre, qu'on a envie de le faire...  ou qu'on saisit toutes les facettes qui font que l'autre est comme il est...

C'est pour ça qu'en relation d'aide nous questionnons l'autre et nous validons nos interprétations.  On parle d'hypothèses tant et aussi longtemps que l'autre n'a pas validé ou invalidé ces dernières.

Ainsi, pour certains, un diagnostic d'infertilité primaire (ou secondaire) est reçu comme un coup de masse et, pour d'autres, c'est une délivrance. Pour l'une, la prise d'hormones (sans autres traitements associés tel une IAC) est très pénible psychologiquement et physiquement...  Alors que pour l'autre, non...

En passant, un diagnostic d'infertilité primaire est donné lorsque l'individu n'a jamais eu de grossesse ayant abouti ou non (homme et femme confondu).  

Dans nos façon d'agir et de réagir, il y a aussi une bonne part de résilience.  À mesure que nous sommes confrontés, nous nous restructurons, nous rebondissons selon nos capacités et, dans une certaine mesure, selon notre volonté.  Parce que oui, il faut vouloir changer pour changer!  Comme le vieil adage le dit "Aide-toi et le Ciel t'aidera!".

Tout ça, je le sais! Je sais que la perception et la façon de vivre cette épreuve qu'est l'infertilité ne fait pas résonner les mêmes choses pour chacun et chacune d'entre nous...  Je sais que c'est RELATIF!

Je sais que, dans mon entourage,
  • la majorité n'a pas vécu infertilité;
  • une partie d'entre eux ne se sent pas interpellé par l'infertilité;
  • certains (et ils sont plus nombreux qu'on peut le croire) ne sont pas intéressés par ce qui nous arrive;
  • quelques personnes trouvent que nous faisons pitié et 
  • que d'autres trouvent que nous devrions passer à autre chose.

Je sais aussi, heureusement, que certaines personnes sont empathiques et intéressées par ce qui nous arrive.

Je sais tout ça!  Mais, ce n'est pas pour autant que j'arrive à faire la part des choses dans la vie de tous les jours.

J'ai beaucoup de difficulté avec les femmes (et hommes) qui tentent de nous faire voir notre chance de ne pas avoir de bébé à la maison.

J'ai beaucoup de difficulté avec les femmes enceintes se plaignant continuellement de leurs nausées ou autres maux.

J'ai beaucoup de difficulté avec les mères et pères se plaignant du manque de sommeil, manque de temps, manque de temps à deux...

Cette pub française démontre bien cette relativité :


J'ai aussi beaucoup de difficulté avec le "Je te comprend..." des filles ayant beaucoup moins galéré que moi…  J'arrive difficilement à suivre les blogs des filles qui n'ont pas vécu la FIV ou de celles qui passent directement en FIV.  Je m'en excuse!

Pour moi, il y a une différence entre le diagnostic d'infertilité et les années qui s'égrainent. En intervention avec les familles, j'aimais bien utiliser l'exemple du verre d'eau...  L'infertilité, c'est pareil.  Au début des essaies, nous avons tous un verre vide ou presque vide.  Si on a des doutes concernant notre fertilité, il y a un peu d'eau dans le verre, mais pas suffisamment pour qu'il n'y ait pas d'espoir.  Chacun des mois qui passe est comme une goutte qui s'ajoute...  Les diagnostics ajoutent plusieurs gouttes selon leur nature, leur nombre et les solutions possibles.  Les échecs pendant les traitements ajoutent aussi un nombre plus grand de gouttes...  Certains rendez-vous donnent de l'espoir et, par conséquent, vident un peu le verre...  Mais, plus les mois passent, plus le verre se rempli...  Au fil des années, le verre se rempli plus vite qu'il ne se vide.

Le verre ne se rempli pas à la même vitesse pour chacun d'entre nous, parce qu'on a pas le même niveau de tolérance et que, tout est relatif!

C'est pour ça que j'ai de la difficulté avec le "Je te comprends!" des filles ayant été en essaie pendant un an, des filles ayant pris que des hormones ou des filles n'ayant fait que les IAC.  J'ai encore plus de difficulté avec les "Je te comprends" provenant d'une fille fertile connaissant quelqu'un ayant vécu ce que je vis.  Théoriquement, leur verre d'eau est moins plein que le mien...

Le problème, c'est que l'être humain a tendance à toujours se comparer et, surtout, il considère rarement que tout est relatif!  Moi la première...  Je pense, entre autre, à une amie avec qui je suis allée souper dernièrement.  Une fausse-couche, infertilité inexpliquée,  aucune IAC, une FIV, un bébé.  L'histoire "bonbon" de l'infertilité (si elle et son conjoint faisait partis du clan des fertiles, son histoire serait comparable au trou d'un coup...).  Pour plusieurs raisons compréhensibles, cette amie a vécu son parcours plus difficilement que moi...  Reste que, quand elle m'a dit qu'elle me comprenais, ça m'a dérangé un peu...  Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire que nos histoires n'étaient pas similaires que, sans vouloir banaliser ce qu'elle a vécu, j'avais tout de même vécu tous les échecs des IAC, de la FIV et des TEC...  C'est peut-être de la jalousie...  C'est surtout une question de perception!

En tout cas, je sais que je ne suis pas la meilleure, présentement, sur le plan de l'empathie.

Et vous, vous gérez comment les "Je te comprends"?


8 commentaires:

  1. J'les prend comme un "je comprends que tu aies besoin d'aide et d'écoute" et c'est une gentille attention. Sinon, c'est sur que c'est comme lorsqu'un ami attrape une maladie grave ou pleure la perte d'un être très cher, on sera jamais à sa place, on ne peut pas mesurer l'intensité de sa douleur, mais on peut comprendre simplement qu'il est fragile et qu'il a besoin de nous.

    Ma chef m'a dit ce "je vous comprend", elle me signe mes autorisations d'absences pour ponction transferts & co en m'encourageant et sans jamais râler pour le travail que je lui donne en plus, et elle m'a même une fois pris et serré la main affectueusement en me voyant triste. Ça m'a surprise (je suis pas très tactile) et ça m'a touchée, alors oui j'ai l'impression qu'elle me comprend même si elle ne fait pas de FIVs et oui j'ai une chef adorable et je la garde :)

    (Et oui, on a le même prénom :p)

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    1. Et bien quand je le dis c'est que je me suis mise à la place de la personne avec ce qu'elle m'en a dit , je me met à sa place , et je ne me mets pas moi même dans sa vie.C'est pour ça que je peux dire " je te comprends à quelqu'un".

      Par contre chacun ressent la douleur, la frustration l'injustice de l'infertilité de façon différente, je peux mieux la supporter certains moments que d'autres , mais à vie je ne tolèrerais les mères fertiles qui se plaignent...
      la pma nous rendraient elle intolérante?Bisou ma belle.

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    2. Marie-Ève :
      Tu résumes assez bien comment je perçois plusieurs des "Je te comprends". Plusieurs d'entre eux, même la majorité, sont dit gentiment. On s'en bien le support derrière les mots!

      Je pense que ma réaction à cette amie a aussi été engendrée parce qu'elle m'annonçait qu'elle ferait une fiv pour avoir un 2e enfant pas mal en même temps que moi... Je la voyais déjà enceinte de son 2e pendant que moi je restait sur la case départ... Haaaa... Pas facile l'infertilité...

      En passant, merci de préciser qu'on a le même prénom... Les gens pourraient croire que je me répond à moi-même :p

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    3. Ève :
      Ta réponse m'amène à réfléchir sur la différence entre compréhension-compassion-empathie et transposition... Je pense que ma difficulté est beaucoup plus avec la transposition...

      Je pense que l'infertilité nous rend peut-être plus patiente et plus forte! On traverse mieux certaines étapes que les fertiles! Faut voir le bon côté des choses, non? :o)

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    4. Marie-Ève :
      J'ai oublié d'ajouter : JE T'ENVIE À FOND! Avant que je ne fasse le travail que je fais présentement (je travaille dans l'entreprise familiale, alors c'est pas comparable), j'avais beaucoup de difficulté avec les horaires... Je devais justifier mes absences et les annoncer plusieurs jours à l'avance (pas facile en FIV). J'ai écoulé ma banque maladie à l'intérieur d'un mois! Ensuite, tout était à mes frais. C'est pour ça que je suis partie... Il n'y avait pas possibilité de prendre d'ententes. Les règles sont les mêmes pour tous qu'on ma dit! :o(
      (Pourtant, dans mon cas, elle avait eu elle-même un dx d'infertilité résolu par l'acupuncture!)

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  2. Je suis un peu en retard dans mes commentaires...désolée.

    Ton message résonne beaucoup en moi. Moi aussi, les "je te comprends" me rendent souvent plus mal à l'aise qu'autre chose. Comme tu le dis, ça dépend de chacune de nos expériences. Je fais partie de celles qui sont passées directement en FIV, je ne peux donc pas entièrement comprendre ton parcours. Par contre, j'en ai fait 4 dont une avec don d'ovules. Alors, oui, je dois avouer que j'ai parfois de la difficulté face aux filles pour qui ça a marché dès la première FIV ou face à toutes celles (et elles sont nombreuses) qui ont eu la chance de réussir avec leurs propres ovules, surtout celles qui sont plus âgées que moi. Et pourtant, je fais partie des filles extrêmement privilégiées qui sont aujourd'hui enceintes. Maudite infertilité!

    Je pense foncièrement que, malgré tout l'empathie du monde, les filles qui n'ont pas vécu l'infertilité ne peuvent pas "réellement" nous comprendre, comme je pense que celles qui réussissent avec leur propre ovule ne peuvent pas entièrement comprendre par où je suis passée. Mais tel est notre destin. On aurait souhaité autre chose, mais ainsi va la vie. Je te souhaite donc le meilleur des résultats pour cette prochaine FIV et bon courage pour la suite!

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    1. En effet! Je crois que la seule personne qui peut réellement comprendre ce que c'est le don d'ovule ou le don de spermatozoïdes, c'est une personne l'ayant vécu. J'imagine qu'une personne prenant la décision d'adopter se rapproche aussi un peu de ce ressenti dans la mesure où l'enfant n'a pas son patrimoine génétique... Mais encore là, l'adoption est une expérience totalement différente de la pma (même si, souvent, elle suit la pma).

      On peu imaginer, être empathique, mais parfaitement comprendre non...

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  3. Sans te dire "je te comprends", je comprends ce que tu veux dire!

    On ne peut pas se comprendre ... jamais, je crois. Comme tu dis, tout est relatif. Certaines épreuves sont vécues extrêmement difficilement par certains, alors que pour d'autres c'est rien dutout.

    J'ai perdu des amies qui justement, croyaient pouvoir me comprendre, et qui en fait, ne comprenaient pas ... et qui m'ont reproché mon attitude.

    Pour ce qui est des parents qui se plaignent, je suis comme toi. J'ai BEAUCOUP de misère a être empathique avec quelqu'un qui a la chance d'avoir un enfant; et je n'ai pas passé au travers tes épreuves ... t'as entièrement le droit de manquer d'empathie je trouve.!

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