mardi 12 juin 2012

Fertilité 34 : S'adapter ou rester en mésadaptation

Dernièrement, sur le forum de discussion que je fréquente assidûment, il y a eu un sujet qui portait sur notre vision à long terme...

Quelques filles disaient être capable de s'imaginer sans enfants, tout en étant heureuses!
D'autres indiquaient qu'elles avaient fait le deuil de la famille nombreuse...
Certaines disaient qu'elles auraient une famille, que les enfants soient biologiques ou adoptés...

Bref, le sujet a suscité beaucoup de réactions, toutes plus intéressantes les unes que les autres.  Chacune d'elles me forçant à envisager les choses autrement... à me projeter! Et ça, ça fait toujours du bien!  On devrait même le faire plus souvent!

Ma réponse, la voici (en partie!) :
Je ne suis pas prête à envisager ça sous cet angle (qu'il y a des côtés positifs à ne pas avoir d'enfants)... Perso, ça me met hors de moi quand on me dit que j'aurai de la chance (de ne pas avoir d'enfants), (que j'aurai) plus d'argent, plus de temps...


Plus d'argent, peut-être... Plus de temps, assurément... Mais ils seront investis, l'un et l'autre, différemment... (...) 
J'envisage, par contre, la grosseur de ma famille autrement. Après 5 ans... 1... max 2 enfants seront suffisants! Je veux profiter de la vie avec eux...  
Je n'arrive pas à me projeter sans enfant... Je n'ai pas envie de "profiter" des enfants des autres... J'ai envie d'avoir des nuits courtes, de veiller mon enfant malade, de rire, de pleurer, d'avoir peur à cause de lui. J'ai envie de passer un dimanche matin collé devant la télé... Ou maudire le peu de sommeil que j'ai dans le corps... J'ai envie d'aimer sans limites... d'aimer un être plus que je m'aime moi-même... 
J'envisage, parfois, ma vie sans enfants... Je me dis que je serais heureuse... Ça c'est certain. Ma vie serait différente et je m'en accommoderais! Mais qu'à la ménopause je revivrais ce que je vis présentement, un nouveau deuil... Je me dis que je serais malheureuse, finalement, quand mon frère et ma soeur auront fini leur famille, que leurs enfants auront des enfants et qu'ils décideront de passer le temps des fêtes en famille... 

Malgré ma réponse, j'ai continué à réfléchir à tout ça...  De plus en plus, je me dis que je serais très heureuse avec un seul enfant.  Étrangement, j'ai de moins en moins envie d'un petit bébé...  Attention, je ne dis pas que je n'en veux pas!  Je dis simplement que j'ai de moins en moins envie d'un bébé naissant...  Nous nous privons déjà depuis si longtemps!

Sur le fil de discussion, les filles capables de se projeter sans enfants se sont demandées si cela signifiait que leur désir d'enfants était moins grand. J'en suis venue à réfléchir au processus d'adaptation.  Certains parlent du processus de deuil, mais moi, je suis moins à l'aise avec ça.  Je préfère parler d'adaptation à une nouvelle situation (suite à un dx, un décès, etc.).

Peut-être que si je ne pouvais pas faire une seconde FIV (par manque d'argent, à cause de trouble de santé, etc.) ou que je ne pouvais pas adopter (les pays qui ferment, non-sélection par les CJ, mon conjoint ne voulant pas, etc.) peut-être que les facteurs temps, argent, liberté serait ma fondation, mon point d'ancrage.  J'envisagerais assurément les choses différemment.  C'est que j'ai encore des possibilité et des espoirs que je vois les choses ainsi.  Je ne suis possiblement pas complètement usée par mon parcours.

Le parcours de l'infertilité suit le processus d'adaptation...
Le processus d'adaptation (résumé)
Image internet

  • D'abord, il y a le choc de l'annonce du diagnostic.  On perd une partie de soi-même...  Une partie de notre intégrité.  Une partie, pour certains, de leur couple...
  • Ensuite, il y a le déni : "Ils ont du se tromper dans les résultats... Est-ce qu'on peut refaire les dx?" et "Le bébé couette est toujours possible et espéré, il y a plein de gens pour qui ça a marché!".
  • Puis, il y a la colère : "Pourquoi moi!!  Qu'est-ce que je fais de mal!
  • La peur : "Et si je n'avais jamais d'enfants?", "Et si mon conjoint me quittait parce que je ne suis pas capable de lui faire un enfant?", "Et si...
  • Et, finalement, la tristesse : "Je n'en peux plus...",  "Ma vie ne mène à rien!", "Les femmes enceintes me rendent tristes...", "Je pleure constamment!

Certaines femmes et certains hommes auront besoin d'une aide spécialisée pour sortir de cette spirale négative...  Personnellement, combiné à plusieurs autres éléments dans ma vie, j'ai été mise en arrêt de travail après 2 ans et demi d'infertilité connue.  Le diagnostic : trouble de l'adaptation (faudra que je vous parle un jour du psychologue que j'ai rencontré!!).  Je ne dormais plus la nuit, je pleurais sans cesse, j'étais morose, négative et complètement dysfonctionnelle au travail.  Il m'aura fallu 2 mois d'arrêt pour me remettre en partie sur pied... 

Puis on commence à s'adapter : 
  • On accepte le dx et on trouve des moyens pour passer à l'action (le suivi en clinique, l'acupuncture, l’ostéopathie, l’auto-hypnose, l'écriture, le sport, les forums de discussion, ...)
  • Et finalement, on se renouvelle, on trouve un nouveau sens à tout ça... On trouve des possibilités, des finalités différentes. 

C'est à cette étape que la sortie de crise peut différer d'une personne à l'autre... Certains se projettent dans une vie sans enfants...  D'autres songent l'adoption... Quelques-uns envisagent de devenir famille d’accueil...  Plus rarement (ou pas) certains décident d'aller suivre des traitements à l'extérieur du pays (aux E-U ou en Europe)...

Bref, il y a PLUSIEURS possibilités, toutes aussi bonnes et valables les unes que les autres (dans la mesure où la sécurité de l'homme, de la femme, du futur bébé et de la société n'est pas compromise).  Pour ma part, j'ai pris plusieurs moyens pour aider ma situation (dont l'acupuncture).  J'ai même changé d'emploi pour diminuer mon stress!  Pour la prochaine FIV, je compte me mettre à l'auto-hypnose (Merci Loosequeen!).

Finalement, on ne reste pas en permanence aux mêmes étapes... On se promène dans tout ça. Le J1 nous tire vers les étapes de mésadaptation... Les annonces de grossesses, les mauvais résultats aux tests aussi.  D'où ma préférence pour adaptation...  Faire son deuil étant trop radical pour moi, un peu comme si aucun retour en arrière était possible une fois le deuil fait!  Faire son deuil, pour moi, équivaut à tourner la page. Point!

Je pense que je m'en tire pas trop mal, maintenant...  Je me connais...  Mais je sais que je ne suis pas à l'abri d'une quelconque rechute!  Mais j'essaie d'être heureuse dans ma vie en générale, j'essaie d'être heureuse dans mon couple...

Être heureux dans la vie, c'est ça notre objectif!

AVEC ou SANS enfant!

(Image internet, vous vous en doutez!)
"Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne,
alors qu’il réside dans la façon de la gravir." (Confusius)
Ainsi, l'important n'est pas tant l'objectif final, mais plutôt le chemin jusqu'à celui-ci!
À quoi bon vouloir un enfant, s'il n'y a plus de couple, plus de bonheur?


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