dimanche 14 avril 2013

DESS 6 : Les interventions

tiré du TN2 : Recension des écrits

Image tiré du site www.vergiberation.blogspot.ca

Voici la dernière partie de ma recherche.  Cette partie porte sur les interventions recommandées auprès des personnes vivant avec l'infertilité.  Par interventions, on ne parle pas nécessairement d'un suivi avec un psychologue, mais aussi de la prévention, des forums de discussion et des groupes de soutien.

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L’infertilité et ses traitements ayant un impact sur la santé mentale des individus, il importe pour les professionnels d’être à l’affût des signaux indiquant une mésadaptation. D’autant plus que le niveau de stress vécu par le couple est associé à des résultats de traitements moins bons (1). Pour ce faire, il est nécessaire d’identifier les couples à risques et de leur offrir un soutien approprié à leur situation.

À qui et quand offrir de l’aide 

L’expérience psychologique et physiologique de l’infertilité nécessite de recevoir le soutien de la famille et de la société (2). L’isolement social représentant un facteur de risque pour l’équilibre de la santé mentale, il est nécessaire de fournir aux couples un support adéquat durant les traitements.

Tout d'abord, les individus se présentant en clinique de fertilité ne démontrent pas un niveau de stress plus élevé que la population en général. Par conséquent, les professionnels de la santé devraient porter une attention particulière à toutes mentions de stress psychologiques et ne devraient pas considérer ces réactions comme étant normales (3). 

Le soutien doit différer selon l’étape à laquelle se trouve le couple. L’annonce du diagnostic ou d’un résultat de traitement négatif est plus difficile à vivre et devrait être accompagnée d’un suivi plus rapproché (4). D'autres soutiennent que le couple en FIV serait celui qui nécessite une attention particulière. Selon eux, c’est le traitement le plus à risque pour la santé mentale (5).

La majorité de des hommes recevant un diagnostic d'infertilité ne considèrent pas être suffisamment en détresse pour demander une consultation. Par contre, les hommes dont les trois critères sont altérés (quantité, mobilité et forme des spermatozoïdes, c’est-à-dire oligoasthénotératospermie) demanderont plus facilement de l’aide, et ce, même si leur détresse est dans la norme (6).

Finalement, il existe trois types de couple. Le premier type est celui ne nécessitant pas une aide systématique. Les partenaires racontent ensemble et avec couleur leur parcours. Il y a présence d’un fil conducteur et le récit est vivant et authentique. Le deuxième type nécessite plus de vigilance. Les partenaires donnent uniquement l’information qui est demandée et le récit donne l’impression qu’ils manquent des informations. Pour ce type de couple, un suivi régulier pendant les traitements doit être envisagé afin de prévenir une décompensation si l’issue était sans enfant. À ceux refusant l’aide psychologique, il faut fournir un encadrement médical en collaboration avec un psychothérapeute. Finalement, le troisième type donne les informations en vrac et de façon désorganisée. Il y a un manque de cohérence et l’histoire donne l’impression d’une suite d’évènements sans signification. Il y a souvent présence d’une psychopathologie antérieure au diagnostic. Avec ce type de couple, la prise en charge multidisciplinaire est nécessaire puisque le couple est à haut risque. La décision de poursuivre les traitements doit être prise de concert (7).

Comment soutenir les individus et le couple 

Il y a plusieurs possibilités quant au type de soutien ou d’intervention à offrir aux individus. De plus, les impacts observés sur le bien-être des individus sont généralement positifs et ce, peu importe le type d’intervention. En réalité, aucun impact négatif n’est observé. Les individus profitants d’une intervention psychosociale adaptée à l’infertilité vivent moins de détresse dans leur couple (8).

La prévention et les informations préparatoires

Les programmes de prévention tels que les feuillets d’informations, les groupes de rencontre préparatoire et la formation des gynécologues sur l’identification des réactions socioémotives, réduisent les conséquences négatives associées à la PMA (9 et 10).

Les programmes sans la présence physique du ou des clients

Les groupes de soutien en ligne et les lignes d’aide téléphonique sont très utiles afin d’informer et de supporter les individus. Ils peuvent être une porte d’entrée vers les consultations de type face à face (11).

La participation à un groupe de soutien en ligne (forum de discussion) peut être aidante. Les individus y participant indiquent y recevoir la validation de la normalité de leurs réactions ainsi que du soutien et du réconfort lorsque ça ne va pas. Toutefois, les individus ayant recours uniquement à ce type de groupe sont généralement moins enclins à parler et à se confier à leur partenaire. Ces individus seraient moins soutenus par leur entourage et présenteraient plus de symptômes dépressifs que les personnes infertiles employant, en parallèle, d’autres moyens (12).

Les services de soutien téléphonique rejoignent généralement les femmes, plus que les hommes. Les femmes utilisant ce moyen font des demandes axées sur les émotions, tandis que les hommes demandent des informations médicales ou techniques. Les individus faisant appel à ce type de service démontrent généralement un grand besoin de confidentialité (vis-à-vis leur entourage, mais aussi leur conjoint). Ils sont généralement plus calmes grâce à cette confidentialité. Toutefois, ce type d’intervention est souvent plus directif et plus difficile à orchestrer que si les interventions s’effectuaient en présence physique du client. Les intervenants ont souvent l’impression de porter la douleur de l’individu sans pouvoir réellement l’aider (11).

Les thérapies en présence physique du ou des clients 

Le premier type d’intervention est la thérapie de groupe ou le groupe de soutien. Il existe plusieurs types de groupe (partage d’expérience et d’émotions, transmission d’informations, enseignement des techniques de communication, de gestion du stress ou de relaxation, etc.) et ceux-ci peuvent être construits selon différentes approches (cognitivo-comportementale, psychoéducative, etc.). Les individus fréquentant ces groupes ressentent de l’espoir et le sentiment de ne pas être seul. Ils développent de nouvelles techniques de socialisation et, en partageant leur vécu, se sentent valorisés (13).

La thérapie cognitivo-comportemental, individuelle ou de couple, de son côté, permet aux individus de modifier les pensées et les comportements négatifs automatiques qu’ils ont développés au fil des traitements et des échecs. Pour ce faire, cette thérapie encourage la recherche d’un réseau de soutien social externe, améliore la communication interpersonnelle avec le conjoint et change les stratégies d’adaptation négatives employées (évitement ou autoflagellation) pour des stratégies d’adaptation actives (recherche d’informations, techniques de résolution de problèmes et consultation auprès des pairs) (3).

Précisons que les hommes et les femmes suivant des ateliers sur les techniques de communication parlent plus de leurs émotions et des traitements avec leur partenaire, leur famille et leurs amis. La majorité des participants indiquent avoir pris conscience qu’ils peuvent choisir quoi dire, quand le dire et à qui le dire, et ce, en tenant compte de l’environnement social et des relations entretenues avec l’entourage. D’ailleurs, à la suite de ces ateliers, plusieurs femmes cessent de parler à leurs collègues de leurs traitements, possiblement pour conserver un terrain neutre où il n’est pas question d’infertilité (14). Finalement, les femmes ressentiraient des bénéfices sur leur couple puisque leur conjoint, ayant tendance initialement à ne pas confier ses émotions, utilise davantage les techniques et, par conséquent, se confie plus (15).

Il est important d’aborder l’acceptation de l’identité, les pertes vécues dans la vie en général et les autres alternatives à la parentalité discutées ou choisies. Ce type de discussion permet au couple de normaliser leur expérience et leurs émotions. Il serait aussi important de parler de la source de l’infertilité, surtout lorsqu’elle est inconnue, afin de relever les sentiments de honte et de culpabilité et les appréhensions ou les reproches que chacun des partenaires pourraient avoir envers l’autre. L’objectif étant de changer l’attribution des erreurs telle que « Je suis un problème » vers « C’est un défi » (13).

Finalement, la thérapie cognitivo-comportementale devrait aborder la gestion des émotions et donner des conseils pratiques pour la période d’attente. Le thérapeute devrait aider le couple à faire face à son entourage et l’encourager à ne pas éviter ou fuir ses émotions lorsqu’une personne dans l’entourage est enceinte. L’évitement peut sembler une bonne solution puisqu’on évite la douleur de la confrontation, mais à long terme, il peut en résulter de l’isolement et une diminution du soutien social. Pour pallier à l’évitement, le thérapeute peut établir, avec le couple, des limites claires afin d’éviter les pertes d’énergie. Il peut aider le couple à revoir ses attentes concernant la famille et les amis (13).

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Voici donc la dernière partie de la recension des écrits.

Je travaille présentement à tout mettre ça en forme pour mon essai.  Ça avance tranquillement pas vite.  Je dois souvent m'arrêter pour chercher des citations parmi les nombreux emails que j'ai reçu, mais aussi sur les blogs que je suis pour appuyer mes dires qui confirment ou non les écrits des auteurs.

J'ai aussi un peu de difficulté à me concentrer... Mon temps de concentration est définitivement plus court qu'il l'était! 

Je ne m'inquiète pas trop.  Déjà parce que j'ai jusqu'à la fin juillet pour remettre mon essai (même si mon objectif personnel est de le remettre d'ici début juin).  Mais aussi parce que j'ai accumulé 49 points sur 50 avec les 2 premiers travaux.  Le stress d'avoir la note de passage est donc beaucoup moins élevés.

Finalement, quelques questions...

Avez-vous déjà participer à un type "d'intervention" présenté ci-haut?
Ce fut une expérience positive?  Négative?
Qu'est-ce qui vous a marqué?  Déplu?


Sources :
  1. Boivin, J. et L. Schmidt (2005).  Infertility-related stress in men and women predicts treatment outcome 1 year later. Fertility and sterility.  Vol. 83. No 6
  2. Agostini, F., F. Monti, L. De Pascalis, M. Paterlini, G. Battista La Sala et I. Blickstein. (2011). Fertility and sterility. Vol. 95. No 2.
  3. Levin, J. B. et T. Goldman Sher (2000). Psychological treatment of couples undergoing fertility treatment. Cognitive and behavioral practice. No 7
  4. Place, I., Laruelle, C., Kennof, B., Revelard, P. et Y. Englert. (2002). Quel soutien les couples en traitement de fécondation in vitro attendent-ils de l’équipe soignante? Enquête et pistes de réflexion. Gynécologie, obstétrique et fertilité. No 30.
  5. Allard, M.-A., Séjourné, N. et H. Chabrol. (2007). Vécu des différentes étapes d’un processus de fécondation in vitro. Gynécologie, obstétrique et fertilité. No 35.
  6. Pook, M., B. Röhrle, B. Tuschen-Caffier et W. Krause (2001).  Why do infertile males use psychological couple counselling.  Patient education and counseling. No 42
  7. Darwiche, J., Bovet, P., Corboz-Warnery, A. Germond, M. Rais, M., Real del Sarte, O. et P. Guex. (2002).  Quelle assistance psychologique pour les couples réquérant une aide médicale à la procréation? Gynécologie, obstétrique et fertilité. No 30.
  8. Boivin, J. (2003).  A review of psychological interventions in infertility.  Social science & medicine.  No 57.
  9. Wright, J., Lecours, A., Duchesne, C. et Sabourien, S.. (1990).  Le profil psychosocial de couples consultant à une clinique de fertilité.  Santé mentale au Québec.  vol. 15, n.2, p. 89-106.
  10. Wright, J. et S. Sabourin (1994). Consultation psychosociale auprès de couples infertiles : recherches et interventions. Psychologie canadienne. Vol. 35. No 1.
  11. Bartlam, B. et J. McLeod (1999). Infertility Counselling: the ISSUE experience of setting up a telephone counselling service.  PAT EDUC C. Vol 41. No 3
  12. Epstein, Y. M., H. S. Rosenberg, T. Venet Grant et N. Hemenway (2002). Use of the internet as the only outlet for talking about infertility. Fertility and sterility. Vol. 78. No 3.
  13. Van den Broeck, U., M. Emery, T. Wischmann et P. Thorn (2010).  Counselling in infertility : Individual, couple and group interventions.  Patient Education and Counseling.  No 81.
  14. Schmidt, L., B. Holstein, U. Christensen et J. Boivin (2005) Does infertility cause marital benefit?  An epidemiological study of 2250 women and men in fertility treatement.  Patient Education and Counseling.  No 59
  15. Schmidt, L., T. Tjornhoj-Thomsen, J. Boivin et A. Nyboe Andersen (2005).  Evaluation of a communication and stress management training programme for infertile couples. Patient Education and Counseling.  No 59.

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