Par exemple, l'infirmière du médecin qui fait mon suivi de grossesse ne m'écoutais pas et insinuait que je m'étais payé le luxe de me faire faire un "dating" en clinique privée... Elle avait dit "Ha oui, c'est vrai vous êtes allé faire une écho là!. De toute façon votre médecin fera votre datation!". J'en parle ICI.
Puis, cette semaine, il y a eu l'infirmière de l'hôpital où je ferai l'écho morpho, dans quelques semaines, qui commencent à m'expliquer que je dois me présenter la vessie pleine pour l'écho (elle m'expliquait les raisons et le comment faire!). C'est pas que je veux ramener ma science, mais bon... Je connais très bien! Alors, lorsque je lui ai dis, "Oui, oui, je sais quoi faire! En FIV, on nous demande ça aussi pour le transfert...", tout ce qu'elle a trouvé à dire c'est : "Oui, mais non! C'est pas pareil!". C'est vrai que ce n'est pas pareil! Elle veut me faire boire le double de l'eau que j'ai bu à chaque transfert! J'ai une belle petite vessie (dixit Dre. L.) qui est pleine avec une bouteille de 500 ml prise 30 minutes avant l'écho alors, non, je ne boirai pas le double de la quantité d'eau une heure avant! Je n'ai pas envie que ma vessie éclate!
Finalement, sur le forum de discussion que je fréquentais (et fréquente encore, mais de façon beaucoup moins assidue), il y a une section réservée pour les femmes enceintes. C'est théoriquement ma nouvelle section... Celle où je devrais me sentir "chez moi"! C'est une section où tout est rose... Tout ça pour dire que je ne m'y sens pas à ma place. J'ai l'impression que mon parcours est dérangeant. Je l'impression que, quand j'en fais état, les autres femmes pensent que je cherche à me faire plaindre et que je devrais l'oublier le temps de ma grossesse. J'ai l'impression que je devrais faire comme toutes les futures mamans : parler des maux de la grossesse (que je n'ai pas ou qui ne m'inquiète pas!), de mes craintes (que je n'ai pas pour le moment ayant un très bon réseau autour de moi) et voir la vie en rose! En fait, pour les 2-3 fois où j'ai posé une question, j'ai eu l'impression que je m'en faisais pour rien...
Mes maux de grossesse sont psychologiques, donc difficile à comprendre :
- Je ne me sens pas enceinte!
- Je n'ai pas envie d'en parler pendant des heures! Ni de monopoliser les conversations...
- Je n'ai pas envie de l'annoncer à tout le monde! Si je pouvais le dire uniquement aux personnes proches de mon entourage, je le ferais! Mais bon, un moment donné, ça paraîtrait... Surtout quand le bébé sera là!
- Je suis heureuse, mais... Je suis marquée au fer rouge et j'ai peur de blesser quelqu'un dans mon entourage qui serait infertile... À la limite, j'ai envie de camoufler cette grossesse pour ne pas blesser une femme ou un homme que je croiserais à l'épicerie, dans la rue, au centre commercial ou même à la clinique qui fait mon suivi de grossesse!
- Je suis incapable de me laisser aller dans le bonheur rose-bonbon!
- Je vis encore dans les paradoxes : J'ai envie qu'on m'en parle... mais en même temps, non!
- J'anticipe encore la tuile qui nous tombera dessus!
- Je suis triste pour ces femmes que je connais qui galèrent encore ou que la vie à forcer à se ranger sur le bas chemin... Je pense à une qui se bat contre le cancer du sein présentement et qui devait faire un TEC le mois prochain... À l'autre qui a épuisé tous ses essais gratuits... À celle pour qui l'horloge biologique tourne de plus en plus vite et qui a un conjoint OATS (tout comme Yvon, ses spermatozoïdes sont en quantité insuffisante dans le sperme (oligospermie) et présentent une mobilité réduite (asthénospermie), mais en plus, ils sont malformés (tératospermie). Il a la totale quoi!)... Je pense aussi à celles qui débutent leur combat!
J'ai aussi l'impression que mes habiletés sociales sont diminuées... Dans le domaine de la grossesse, je fais face à de nouveaux défis interpersonnels. Quand quelqu'un empiétait sur mon intimité, du côté de l'infertilité, je savais quoi lui répondre afin de fermer le sujet et lui indiquer ma limite! Je n'hésitais pas, non plus, à en parler ouvertement! Avec la grossesse, je fige! J'ai l'impression que de rabrouer quelqu'un en lien avec l'infertilité est normal (la femme infertile est frustrée), mais que de le faire en lien avec la grossesse est anormal (la femme enceinte devrait béate de bonheur et vouloir en parler continuellement).
Par exemple, la semaine prochaine, je dois l'annoncer à une collègue de travail... La seule qui ne le sait pas encore (on est 6 dans le bureau, dont mes parents, mon conjoint et moi!). Je n'ai pas envie que la personne démontre plus d'émotions que moi je peux en ressentir... Je n'ai pas envie de faire semblant! Je sais, en plus, qu'elle dira "Je le savais!" puisqu'elle a surpris la fin d'un appel téléphonique (l'infirmière de ma clinique nous avait annoncer qu'ils devaient "intervenir" et elle rappelait pour m'indiquer que finalement, tout était beau!). J'étais contente et ça paraissait. Elle a tenté de me soutirer une annonce ("Tu n'aurais pas une bonne nouvelle à m'annoncer?"), avant même que ma famille ne soit au courant! Bref, je n'ai pas envie de lui annoncer! Je n'ai pas envie d'en parler avec elle! (En fait, je ne sais même pas comment je lui annoncerai! Avez-vous des idées?)
Heureusement, quand je lis d'autres blogs, je me rassure! Je suis NORMALE! D'autre part, je pense qu'il est encore tôt... 12 sa... 10 sg... J'imagine que quand nous connaîtrons le sexe et que je sentirai le bébé bouger se sera différent...
Tout ça pour dire que j'ai l'impression que mon parcours devrait être mis au rancart pour la prochaine année... C'est pas beau l'infertilité! Ça vient troubler le bonheur rose-bonbon des futures mamans!
Et bien, j'ai une petite nouvelle pour vous! Je suis fière de mon parcours (j'en parle d'ailleurs ICI) et je n'ai pas l'intention de le cacher! Je suis d'ailleurs en train de préparer un livre (mon blog sous forme de livre) à l'intention de notre enfant afin qu'il sache! C'est un beau parcours (difficile, j'en conviens!) qui m'a appris beaucoup sur l'être humain, sur moi-même et sur mon conjoint! J'ai grandi et je me considère très courageuse! C'est peut-être la raison pourquoi le reste du chemin ne m'inquiète pas outre mesure! D'autre part, je mesure très bien ma chance et je suis reconnaissante.
Comme le dit si bien Félix Leclerc :
"Il y a plus de courage que de talent dans la plupart des réussites!"
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En terminant, je vous laisse quelques photos de notre fin de semaine de camping en amoureux! Il a fait froid, mais nous étions bien! Il y a même eu quelques flocons dimanche matin (et hier aussi sur Montréal, soit dit en passant!). L'hiver arrive assurément!
Les belles couleurs automnales du Québec! |
L'averse est passée au loin! |
Des heures de plaisir avec Molly qui pouvait courir allègrement et sans laisse! |
Votre parcours ne peut être caché...en fait ne doit être "oublier". Ça forme votre histoire (couple ou personnelle). Rester en fière.
RépondreSupprimerxxxx
Je suis fière aussi de notre parcours, de la façon dont notre couple fait face. Et cette façon de vivre ta grossesse, je la retrouve sur d'autre blog. Il me semble qu'on en peut être aussi légère après un tel parcours. Et pourtant tu y a droit à cette légèreté. mais tu as raison, ça deviendra de plus en plus concret et ça t'aidera sans doute à réaliser que oui, tu attends un bébé.
RépondreSupprimerC'est ce que je me dis et je me sens de plus en plus légère! C'est positif :)
SupprimerOn est tellement blessée parfois par les gens qui s'expriment beaucoup durant leur grossesse qu'on fini par avoir peur d'en parler ! Pour moi sa été comme sa, quand on me parlais de ma grossesse je disais le stricte minimum j'étais mal à l'aise ... Depuis que bébé est né j'ai mis 2 photos de lui sur facebook et encore la c'étais parce que la famille l'avais demandé ...
RépondreSupprimerJ'ai mit plusieurs mois a prendre ma place sur le rose, sa été surtout a la fin de ma grossesse avant l'accouchement lors de gros questionnement ... Tranquillement tu te sentira plus à l'aise, plus enceinte.
Notre parcours ne s'efface pas du jour au lendemain, il nous reste toujours une pensée pour ceux qui n'ont pas notre chance. Aujourd'hui maintenant que le pire est derrière nous je vois du positif dans notre parcours, parce que je crois ( peut-etre a tort ) que le fait d'avoir du me battre si fort et d'avoir tant souffert de ne pas avoir mon bébé aussi facilement que d'autre me permet de l'apprécier d'avantage.
Je suis certaine que je n'ai pas besoin de te dire de profiter de ta grossesse, je sais que tu profitera de chaque moment et de chaque première fois. Tu le mérite, donne toi le droit d'être heureuse il te reste encore bien du temps pour apprivoiser bébé qui prendra de plus en plus de place, ce qui te permettra de vraiment réaliser qu'il est la et que rien de négatif vous arrivera !
Merci beaucoup!
SupprimerPour le forum, c'est aussi ce que je réalise. Je ressens beaucoup moins le besoin de partager avec d'autres personnes ce que je vis que je l'ai ressenti pendant les traitements. Je pense que ce que je recherchais pendant les traitements c'était un rapport à la normalité. Je cherchais à me sentir normalement!
Enceinte, je ne sens pas que ce que je vis n'est pas normal...
Et pour en profiter, j'ai commencé à me balader dans les boutiques. Je dois dire que c'est dans ces moments que je réalise que je suis enceinte et que j'en profite le plus! Je trouve que c'est un bon début! :)